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TribuneNotre-Dame-des-Landes

Pour défendre une agroécologie solidaire, il faut donc tenir une barricade

Pour l’auteur de cette tribune, l’opération militaire et la destruction de lieux de vie sur la Zad révèle la volonté du gouvernement, pour qui l’écologie doit s’incliner devant les intérêts économiques.

Jean-Marie est botaniste en colère.


La destruction brutale de la ferme des Cent Noms, défendue pacifiquement, et la résistance des Vraies Rouges, lieu de maraîchage et de production de plantes médicinales, et accessoirement terrain d’une maison présente avant le projet d’aéroport, suggèrent une réalité que l’on n’a pas envie de comprendre : pour défendre un projet véritablement agroécologique et solidaire, il faut oser tenir une barricade. Autrement dit, pour ne pas avoir à tenir une barricade, il faut se fondre dans l’agroécologie pilotée par le gouvernement.

Cette dernière a cependant un grave défaut : elle est strictement, et de plus en plus ouvertement, subordonnée au commerce (surtout au grand commerce, bien sûr) et au profit personnel. L’écologie officielle s’arrête (les exemples abondent) là où elle gêne, ne serait-ce qu’un peu, un projet « économique ». Le refus strict de la destruction d’une plante protégée ou de l’habitat d’un animal rare (qui un jour prochain sera l’abeille) passe pour une radicalité inadmissible.

Ce discours serait tout aussi vrai en remplaçant « nature » par « solidarité envers les personnes défavorisées » ou « santé » ou « art » ou « vie rurale » ou « droits humains » ou « réfugié.e.s » 

Les parties les plus conciliantes de la lutte contre l’aéroport ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour faire penser qu’une écologie réelle pouvait être pratiquée en accord avec le gouvernement actuel. Le déploiement de force militaire d’une échelle inédite dans la métropole ruine ces efforts désespérés et confirme que la protection de la nature est interdite quand elle est strictement appliquée et quand — crime suprême — elle s’organise localement, collectivement, solidairement, avec les habitant.e.s de la zone dans une vie simple et écologiquement soutenable. Visiblement, dans le monde actuel, la défense de l’environnement passe aussi après le désir de pulvériser toute forme d’alternative, même et surtout quand elle est constructive et organisée.

Je suis très concerné personnellement par l’écologie mais ce discours serait tout aussi vrai en remplaçant « nature » par « solidarité envers les personnes défavorisées » ou « santé » ou « art » ou « vie rurale » ou « droits humains » ou « réfugié.e.s ».

Ceux qui y voient des calomnies sont invités à le prouver en mettant fin immédiatement à l’occupation militaire de la Zad et en donnant une ouverture rapide et surtout réelle aux initiatives qui s’y développent, en conformité à ce qui était prétendu jusqu’à la semaine dernière.


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