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En brefÉtalement urbain

Pour prendre de vitesse les écologistes, la ville de Bourgoin-Jallieu détruit en douce une zone humide

Une montagne de bois est en attente, au bord de la route très fréquentée D1006. La déforestation du Domaine des Sétives est terminée à Bourgoin-Jallieu (Isère). Sur cette zone humide, traversée par au moins deux cours d’eau, une nouvelle Zone d’activités verra le jour d’ici 2020 ou 2021.

En tout, 9 ha. de forêt ont été rasés en quelques jours début septembre : ces travaux ont été réalisés avec « une rapidité très étonnante » pour l’association écologiste Apie, membre de la Frapna Isère. L’association était au courant de ce chantier, mais s’étonne de l’ampleur de la déforestation qui vient d’avoir lieu.

La Sara, aménageur de la zone, a commandé une étude auprès de l’association sur la présence des castors : l’Apie affirme que l’étude est terminée, mais n’a pas été encore communiquée ni envoyée à l’aménageur, qui a pourtant lancé les travaux de « prélèvement » des arbres.

Le castor, une espère protégée, est bien présent sur cette zone selon l’association : des traces sont retrouvées régulièrement. Au moins 2 familles seraient installées durablement dans le secteur, et d’autres animaux circulent souvent tout autour de la Bourbre, entre le Médipôle et une zone de restauration.

Selon la mairie de Bourgoin-Jallieu, le projet était inscrit aux plans locaux d’urbanisme de 2014 et de 2016. Il vise à « accentuer le développement économique de la ville ». Il devrait donc y avoir une grande jardinerie, un concessionnaire automobile, des espaces de loisirs, des artisans, ainsi qu’une grande enseigne d’aménagement intérieur de la maison.

Contre ces 9 hectares dévastés, la mairie promet des mesures compensatoires. 18 ha.doivent être gelés à toute nouvelle construction. 12 ha doivent être replantés.

De la poudre aux yeux selon l’association Apie : « Ces 18 ha seront protégés, sur des zones de toute façon déjà inconstructibles. (...) C’est tout un biotope qui est détruit. Il y a aussi des bécasses, même les chasseurs regrettent de voir ce gibier disparaître ! On aurait pu réduire l’impact. Entre le discours de départ, et la réalité du terrain, ce chantier ne va pas dans le sens du respect de l’environnement. La destruction a été faite, malgré les promesses. Les mesures de compensation sont très légères. Les zones humides sont indispensables, et protégées par des directives européennes. »

Et de renchérir : « Nous sommes très surpris par la rapidité, et l’ampleur de la déforestation. Ils ont mis les moyens. Si on avait eu les plans précis de déforestation, on aurait pu réagir plus fermement. »

En octobre, une enquête publique sera lancée, avant des fouilles archéologiques préventives.

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