Retour du TER Grenoble-Gap : « Quelle joie de revoir le train ! »

Habitants et élus locaux ont permis de débloquer 35 millions d’euros pour la rénovation de la ligne de TER Grenoble-Gap. Ici lors de sa réouverture, le 11 décembre 2022. - Facebook/Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes
Habitants et élus locaux ont permis de débloquer 35 millions d’euros pour la rénovation de la ligne de TER Grenoble-Gap. Ici lors de sa réouverture, le 11 décembre 2022. - Facebook/Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes
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La ligne de TER Grenoble-Gap a rouvert après deux ans de travaux. La mobilisation d’habitants et d’élus locaux a permis de débloquer 35 millions d’euros pour sa rénovation. Mais ils restent inquiets pour la pérennité de la ligne.
Grenoble (Isère) et dans le train vers Gap, reportage
« Direction Gap, 10 h 23. » L’information a est ajoutée, discrètement, sur les panneaux d’affichage de la SNCF, en gare de Grenoble. Dimanche 11 décembre, la « ligne des Alpes », qui relie Grenoble et Gap en passant par le Trièves, Lus-la-Croix-Haute et Veynes, a rouvert aux passagers après deux années entrecoupées de travaux de rénovation.
Discrètement, puisqu’en ce jour de reprise aucune inauguration officielle n’a été organisée par la SNCF. Qu’à cela ne tienne : habitants, usagers et élus locaux, tous ceux qui s’étaient mobilisés pour la rénovation de la ligne, se sont rendus dans les gares desservies jusqu’à Gap pour marquer le coup. Au micro, perché sur une petite estrade, Nicolas, membre du collectif d’habitants et d’usagers de l’étoile ferroviaire de Veynes, contient difficilement son émotion : « Quelle joie de revoir le train ! »

Ce train revient de loin. Vétuste, pas assez rentable, la ligne Grenoble-Gap périclitait lentement, et la menace d’une fermeture définitive planait depuis longtemps sur la tête de ses quelque 1 000 usagers quotidiens. Soutenu par des élus locaux, le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, qui lutte pour la survie des petites lignes au croisement de Grenoble, Valence, Briançon et Marseille, avait fait de la ligne des Alpes un symbole des petites lignes rurales menacées de fermeture.
Et la mobilisation a fini par payer. En décembre 2019, un comité de pilotage interrégional a acté d’un budget de près de 35 millions d’euros pour rénover partiellement la ligne. Une première victoire qui a permis, après deux ans de travaux, de restaurer 18 kilomètres de voie sur les 110 que compte la ligne, et de moderniser ou remplacer une vingtaine de tunnels, viaducs et ponts ferroviaires.

35 millions d’euros, « et maintenant quoi ? »
À 10 h 23, donc, le 11 décembre, les deux rames du TER direction Gap sont pleines à craquer. Entre banderoles et thermos de café, la bonne humeur se fait ressentir. « On aime bien prendre le train, on se sent bien quand on va loin », chantent joyeusement les passagers. Véronique, 65 ans, se réjouit de pouvoir « retourner voir les copines qui habitent à Lus-la-Croix-Haute ». Bien qu’habitant Grenoble, la sexagénaire se sent concernée : « C’est essentiel qu’il y ait des trains, on voit bien à quel point c’est fragile. »
Si l’heure est bel et bien aux réjouissances, la ligne Grenoble-Gap est en sursis. Alors même que la convention de financement obtenue en 2019 insistait sur la nécessité de prévoir d’autres travaux sur la ligne dès 2024, aucun budget ni calendrier de travaux n’ont été déterminés pour le reste de la ligne. Les militants évoquent un montant de 80 millions d’euros nécessaires pour la pérenniser.

Tous craignent que le scénario ne se répète, et qu’il faille de nouveau se battre pour empêcher la fermeture d’une ligne qu’on laisse mourir. « Aujourd’hui, ce qui nous pend au nez, c’est une fermeture à l’horizon 2025, 2026 ou 2027, s’alarme Nicolas au micro. Et maintenant quoi ? État et régions, rassurez-nous sur la trajectoire financière de la ligne : qu’est-ce qu’il va se passer dans les cinq prochaines années ? »
La question est brûlante, alors que le président de la République Emmanuel Macron a récemment annoncé vouloir développer des RER métropolitains dans dix grandes villes françaises. Un projet qui doit être le socle d’un plan d’investissement dans le ferroviaire de plusieurs dizaines de milliards d’euros, que le gouvernement dévoilera début 2023.