Trois astuces low-tech pour lutter contre le froid

Le kotatsu est une technique japonaise simple pour garder son corps au chaud à la maison. - © Mathieu Génon / Reporterre
Le kotatsu est une technique japonaise simple pour garder son corps au chaud à la maison. - © Mathieu Génon / Reporterre
Durée de lecture : 6 minutes
Quotidien ÉnergieEt si vous fabriquiez une bouillotte sèche ou isoliez votre chauffe-eau ? Après être allé à un atelier dédié à la précarité énergétique à Paris, Reporterre est revenu avec trois techniques « low-tech » pour se chauffer.
Paris, reportage
Bouillotte sèche, kotatsu, isolation du chauffe-eau… Les adeptes des « basses technologies », ou low-tech, expérimentent des solutions accessibles pour affronter les températures hivernales. Démonstration faite lors d’un atelier fin janvier dans les locaux du fablab Villette Makerz, à Paris, dans le cadre d’un mouvement de « solidarité énergétique » impulsé au début de l’hiver par le laboratoire citoyen Atelier 21 aux côtés d’une trentaine d’organisations.
Objectif : tester, développer et populariser ce type d’astuces pour lutter contre le froid, notamment auprès des jeunes, particulièrement exposés. 46 % des 18-34 ans ont des difficultés à régler leur facture d’électricité, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique. Reporterre a sélectionné trois idées à expérimenter chez vous.
Astuce n°1 : fabriquer une bouillotte sèche
Pour fabriquer une bouillotte sèche « maison », la marche à suivre est simple. Munissez-vous d’une étoffe de coton taillée en forme de carré. Pliez-la et cousez-la en forme d’une pochette rectangulaire que vous bourrez de riz cru. Refermez. Un bref passage au micro-ondes [1] ou au four (dans un plat dédié) et le tour est joué.
« Une bouillotte sèche n’est pas aussi efficace qu’une bouillotte à eau, mais elle a l’avantage d’être facilement réplicable. Tout le monde peut en fabriquer », résumait, lors de l’atelier, Redouane Souni du studio d’« innovation pratique » Monstre. « Les noyaux de cerise ont encore de meilleures propriétés thermiques que le riz. Mais il faut prendre le temps de les mettre de côté… »

« Il y a un renversement des manières de se chauffer : on se concentre sur le réchauffement du corps plutôt que sur celui de la pièce, commente Adrien, un visiteur croisé le samedi après-midi. Mais le passage à l’acte n’est pas évident. » Conscient de ce frein, Jacques Tiberi, le rédacteur en chef du Low tech journal, a prôné lors de la table ronde qui a suivi les ateliers l’avènement du « do it together » (« faire ensemble »), bâti sur l’« entraide » plutôt que du « do it yourself qui vous esseule ».
Astuce n°2 : Adopter le principe du kotatsu
Née au XIVᵉ siècle au Japon, cette technique de chauffage traditionnelle dont le nom signifie littéralement « chauffe-pieds » est conviviale et économique. Le principe ? Une table basse chauffée par le dessous et recouverte d’une épaisse couverture, sous laquelle on vient glisser le bas du corps durant les longues soirées d’hiver. « C’est impressionnant, ça marche vraiment très bien », assure le designer Alexandre Esteves.
Dans les locaux du fablab Villette Makerz, le dispositif a été quelque peu réinventé. Sous la table — cette fois-ci haute — entourée jusqu’au sol d’un plaid en laine gris attaché aux rebords à l’aide de velcro, il a suffi d’allumer une petite souffleuse pendant une minute pour faire monter la température à 37 °C, affirme Alexandre Esteves, caméra thermique à l’appui. « Ça fonctionne aussi avec une tour d’ordinateur sous le bureau », précise-t-il. « Un étudiant a aussi eu l’idée d’adopter ce principe pour chauffer un lit à baldaquin. » Ce qui aurait permis à ce jeune, selon une publication sur le groupe Facebook consacré à ce mouvement de « Solidarité énergétique », d’atteindre une température de 18 °C au lit, contre 12 à 13 °C de l’autre côté des couvertures.

Autre atout de cette solution low-tech : sa dimension esthétique, susceptible d’en faire un objet de déco à part entière. Fan de culture nippone, Louise, une jeune femme venue explorer le fablab, s’enthousiasme : « L’approche par le design rend ces solutions désirables. Ça peut aider à passer le cap ! »
Astuce n°3 : isoler son chauffe-eau
Dans l’un de ses tutoriels vidéos réalisés « par et pour » des étudiants, l’Atelier 21 estime qu’on peut économiser jusqu’à 200 euros par an en isolant son chauffe-eau. Pour cela, il s’agit de confectionner une capote à partir d’une couverture de survie, sur laquelle on vient superposer trois couches de papier bulle, puis une autre couverture de survie, le tout à l’aide de scotch double face. Des trous sont ensuite réalisés à l’aide d’un fer à souder (ou d’un perforateur de bureautique) sur les bords afin d’y passer un fil et de fixer le dispositif sur le chauffe-eau.

« La face argentée [de la couverture de survie] va réfléchir les infrarouges émis par le ballon et permettre ainsi de les conserver à l’intérieur et autour du ballon plus longtemps », explicite un tuto similaire concocté par le Low Tech Lab, une association qui valorise les innovations low-tech. Il s’agit de « la face qui sera donc contre le ballon. La face dorée, elle, va laisser passer les infrarouges provenant de l’extérieur. C’est la face qui sera visible depuis l’extérieur ».
D’autres dispositifs low-tech pour lutter contre le froid sans se ruiner — isolation d’une fenêtre cassée, fabrication d’un réflecteur de radiateur ou même d’un chauffe-eau solaire pour les plus bricoleurs par le Low-tech lab… — sont disponibles en ligne. Fondateur de l’Atelier 21, Cédric Carles espère que les individus et les fablabs s’en emparent plus massivement. « En attendant la “grande rénovation” [énergétique des logements], ce sont des choses qui permettent d’encaisser un peu la mauvaise situation actuelle par davantage de confort thermique, des moyens d’économiser, et de la sobriété plus “sympa” que celle que l’on pourrait nous imposer », estime-t-il.