Violences sexistes : Julien Bayou quitte la tête d’EELV

Julien Bayou le soir du second tour des régionales, juin 2021. - © Amélie Quentel / Reporterre
Julien Bayou le soir du second tour des régionales, juin 2021. - © Amélie Quentel / Reporterre
Suite à des accusations de violences psychologiques envers son ancienne conjointe, Julien Bayou a démissionné lundi 26 septembre de son poste de secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Il avait déjà quitté la coprésidence du groupe écologiste à l’Assemblée nationale le 21 septembre dernier pour les mêmes raisons.
Dans un courriel envoyé aux adhérents, l’actuel député dit renoncer à cette fonction avec « beaucoup d’émotion [...] après plus de neuf ans d’engagement dans la direction du mouvement ». Il assure être accusé de faits qui ne lui sont pas présentés et « dont mes accusateurs-ices disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont je ne peux pour autant pas me défendre puisqu’on refuse de m’entendre. C’est Kafka à l’heure des réseaux sociaux ».
Cette démission fait suite à une vague de tweets lancés le 19 septembre par un collectif baptisé Relève féministe, créé suite aux accusations de violences conjugales commises par Adrien Quatennens (La France insoumise).
Bonjour @EELV, la cellule VSS a été saisie en juillet après des accusations de violences commises par @julienbayou sur son ex compagne.
Comment s'assurer que les militantes soient en sécurité ? Aucune mesure ne semble avoir été prise, pourquoi ? #ReleveFeministe— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) September 19, 2022
Le soir même, Sandrine Rousseau était interrogée dans l’émission « C à Vous » de France 5 à ce sujet. La députée a expliqué avoir reçu l’ex-compagne de Julien Bayou chez elle pour entendre son histoire. « Il y a des comportements qui sont de nature à briser la santé morale des femmes [...]. Au moment où j’ai reçu cette femme, elle était très mal et elle a fait une tentative de suicide quelques semaines après. »
Julien Bayou assure dans un communiqué de presse que les faits qui lui sont reprochés « ne sont pas pénalement répréhensibles ». Pourtant, les violences psychologiques dans le couple sont considérées comme un délit, comme le stipule l’article 222-3-2-1 du Code pénal : « Le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale s’avère puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail et de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsqu’ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours. »
L’ancienne compagne de Julien Bayou a fait savoir par ses avocates qu’elle tenait « fermement à conserver son anonymat et ne souhaite pas pour l’instant se manifester publiquement sur les faits qu’elle a dénoncés. L’existence d’une enquête a été divulguée par M. Bayou lui-même en juillet dernier. [1] Nous avons mandat de poursuivre toute atteinte à cet anonymat et de faire sanctionner toute atteinte à sa vie privée ».
Cette démission intervient après une semaine de vives tensions au sein du parti. Même Yannick Jadot, l’ancien candidat à la présidentielle, appelait Julien Bayou à se mettre en retrait du secrétariat national.
Depuis son élection en tant que député, Julien Bayou cumulait les mandats de secrétaire national d’EELV et conseiller régional d’Île-de-France. Une situation interdite par les statuts du parti. Des statuts que Julien Bayou et son équipe avaient tenté de faire modifier lors d’un référendum interne. Sans succès.