Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

ReportageClimat

Vivre par 39 °C : paroles de Toulousains en surchauffe

Craintes, difficultés à travailler, astuces pour supporter les chaleurs... Reporterre a rencontré des jeunes, retraités ou serveurs à Toulouse, où les températures frôlent les 40 °C.

Toulouse (Haute-Garonne), reportage

Mardi soir 14 juin est arrivé par le sud du pays un « épisode de très forte chaleur, la plus précoce jamais enregistrée [depuis le début des mesures en 1947] », selon Météo France. Avec des températures entre 35 et 39 °C en journée, et autour de 20 °C la nuit, Toulouse est en pleine canicule. Reporterre a rencontré quelques Toulousains en surchauffe.

Yvonne, retraitée : « Ça me fait peur »

Yvonne dans son salon, avec au programme : déplacements réduits, ombre et repos. © Alain Pitton/Reporterre

« Rien que de savoir les températures à venir, ça me fait peur, dit Yvonne, retraitée, installée dans son salon exposé plein sud, avec des volets mi-clos. Je souffre de migraines et elles augmentent avec les fortes chaleurs, tout comme ma tension, à 18 ce matin ! Je ne mettrai pas le nez dehors. Dimanche, si on est toujours à 40 °C, je n’irai pas voter. Contre la canicule, ce que je fais n’est pas très original : j’ouvre toute la nuit mon appartement traversant, je ferme tout à 10 heures, et j’utilise parfois un ventilateur... Je pense à la climatisation, car l’isolation de l’appartement est efficace en hiver, mais pas l’été. C’était une très mauvaise idée de la mairie d’avoir coupé les grands platanes côté rue, en 2003. Heureusement, côté parking, on a gardé un grand tulipier qui nous protège un peu. »

Frédéric, serveur : « C’est très fatigant »

Exceptionnellement aujourd’hui, Frédéric a le droit de ne pas porter le nœud papillon de sa tenue de serveur. Heureusement, la terrasse, sous les tilleuls et les parasols, reste ombragée. © Alain Pitton/Reporterre

Frédéric, serveur dans une grande brasserie du centre, appréhende les annonces de grandes chaleurs : « Il n’y a pas trente-six solutions : il faut boire beaucoup, rester à l’intérieur, et porter une chemise blanche. Avec mon travail, je marche pas loin de 20 km par jour. Cet après-midi, je suis seul pour la salle et la terrasse, soit environ 70 tables avec un service qui s’étire de 11 h 30 à 20 h 30, alors comme je dors mal durant ces périodes de grande chaleur, c’est très fatigant. Bref, je suis rincé après le service et je me couche tôt. Après, je suis comme tout le monde, à la fin de la journée j’ai les jambes et pieds en compote, j’attrape plus facilement des rhumes à cause du chaud et froid de la climatisation. Le patron est plutôt contre les ventilateurs et brumisateurs en terrasse. C’est plutôt un endroit traditionnel ici. »

Pablo, en colocation : « Contre la chaleur, il faut être d’origine espagnole ! »

Pablo en tenue idéale de travail à la maison durant les fortes chaleurs : le maillot de bain. © Alain Pitton/Reporterre

En colocation dans un T3, Pablo donne, mi-sérieux, mi-rigolard sa recette pour lutter contre les fortes chaleurs : « D’abord, il faut fermer volets et fenêtres tôt le matin. Ensuite, être d’origine espagnole ! Quand on connaît les températures flirtant avec les 40 °C là-bas, les nuits blanches en sueur, on relativise ici. Avec mon colocataire, on a quand même pensé à acheter un ventilateur, mais on attend d’atteindre les 40 °C. Plus sérieusement, ce qui est un peu déprimant c’est d’être dans une semi-obscurité toute la journée, puisque la plupart du temps je bosse à la maison. Avec la chaleur, je dois avouer que ça me déconcentre. Je me détache du travail que je dois faire et me laisse distraire par tous les loisirs à portée de main dans ce petit espace : regarder un film, finir un livre, jouer à Fifa avec mon coloc pour une heure ou deux... »

Céline, Greg : « Nous n’avons pas installé de climatisation, ni sorti le ventilateur »

Greg, Céline et Lilian sont à l’ombre du figuier planté à la naissance de leur fils, il y a sept ans. Dans leur jardinet salvateur, tout pousse. © Alain Pitton/Reporterre

Céline, Greg et leur fils Lilian habitent une petite maison dans un quartier de la ville encore peu abîmé. Ils s’estiment « privilégiés » avec un jardin d’environ 70 m². « S’il fait bon à l’intérieur, ce n’est pas seulement parce que, comme tout le monde, nous fermons fenêtres et volets tôt le matin, c’est aussi parce que cette maison ancienne possède des murs en pierre épais dont nous avons en plus renforcé l’isolation intérieure. Nous n’avons jamais pensé installer une climatisation, ni même sorti le ventilateur ! Les grands platanes de la place projettent aussi leur ombre, ce qui fait que le soir, nous pouvons ouvrir vers 19 heures au lieu de 22 heures dans d’autres endroits. Le jardinet, où nous avons mis un “bain”, est bien aussi pour Lilian, qui ne reste pas enfermé toute la journée. »

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende