Attac ridiculise un colloque sur l’éthique organisé par le secteur bancaire

Une cinquantaine d’activistes se sont rassemblés devant la Fédération française des banques à Paris, jeudi 14 avril à partir de 8 h. Ils dénonçaient la tenue d’un colloque intitulé « Ethique ou conduct : pour une culture de la responsabilité », auquel étaient conviés l’ancien directeur de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot, et surtout Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale, empêtré dans le scandale des Panama Papers.
Arborant des nez rouges et chantant des slogans comme « On ira tous au paradis, Panama / qu’on soit Trichet ou Parisot, on ira », ils ont accueilli les participants en criant « nous aussi, on veut rigoler » et en leur distribuant de faux billets de 60 millions d’euros.
L’économiste Thomas Coutrot a pris la parole pour dénoncer « plus de 974 sociétés-écrans de la Société Générale au Panama, révélées lors du scandale des Panama Papers. Frédéric Oudéa, au lieu de démissionner, donne des leçons d’éthique à ses collègues banquiers. Il y a vraiment de quoi se marrer ! ».
La Société Générale compte quelque 156 filiales dans des paradis fiscaux, et la BNP plus de 200, a rappelé l’économiste. Il a exhorté le président de la République, « ce grand comique qui disait vouloir faire la guerre à la finance », à ordonner la fermeture de ces filiales.
L’évasion fiscale coûte 1 000 euros par an et par Français
L’humoriste Christophe Alévêque a pris sa suite, pour dénoncer « un spectacle d’humour à 600 euros l’entrée. C’est de la concurrence déloyale, du dumping ! Qu’ils assument au moins, et fixent l’entrée à 1 000 euros, autrement dit le coût de l’évasion fiscale par an et par Français ».
Cette mobilisation fait suite aux révélations des Panama Papers. 11,5 millions de fichiers provenant des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, ont été remis à un quotidien allemand et analysés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Ils révèlent que de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires ou encore des sportifs renommés ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.
- Source : Emilie Massemin pour Reporterre
- Photo : © Emillie Massemin/Reporterre
Le siège de la Société Générale a été perquisitionné mardi 5 avril dans le cadre de ce scandale. M. Oudéa sera auditionné publiquement en mai par le Sénat pour s’expliquer sur ces sociétés offshore.
Convergence des luttes avec la Nuit Debout
L’action d’Attac s’inscrit également dans le cadre des mobilisations de la Nuit Debout. « On est totalement investis dans ce mouvement, on le soutient autant qu’on peut, notamment en déposant les déclarations de rassemblement à la préfecture avec nos amis de Droit au logement (Dal) et de Solidaires, précise M. Coutrot. Nuit Debout est la réponse de la société et de la jeunesse à l’inconséquence, pour ne pas dire plus, des politiques et du président de la République, élu pour lutter contre le pouvoir de la finance et qui fait exactement le contraire. »
Plusieurs participants à l’action ne sont pas membres d’Attac mais ont répondu à l’appel lancé par l’association à l’AG de la Nuit Debout. C’est le cas de Mickaël, venu « pour soutenir, dans le cadre de la convergence des luttes ». « Je vais à la Nuit Debout chaque fois que possible, indique Alexis, 30 ans, militant chez Attac depuis un an et demi. C’est un mouvement qui m’enthousiasme énormément. »