À Bruxelles, une marche pour le climat sur un tapis de course

Un tapis roulant était installé à la manifestation pour le climat à Bruxelles, le 6 novembre 2021. - © Mathilde Dorcadie/Reporterre
Un tapis roulant était installé à la manifestation pour le climat à Bruxelles, le 6 novembre 2021. - © Mathilde Dorcadie/Reporterre
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Luttes COP26 Extinction RebellionSit-in, tapis de course : ce samedi 6 novembre à Bruxelles, les citoyens ont marché pour le climat. L’objectif, interpeller les dirigeants politiques présents à la COP26, en Écosse. Plus de 200 personnes ont été arrêtées, puis libérées dans la soirée.
Bruxelles (Belgique), reportage
Deux actions d’engagement citoyen ont eu lieu samedi 6 novembre à Bruxelles, pour interpeller les dirigeants politiques présents à la Conférence pour le climat à Glasgow (COP26). Fortement marqués par les inondations mortelles de juillet dernier, les Belges sont déjà descendus dans la rue plusieurs fois au mois d’octobre, en amont de la COP26, pour faire passer leur message à leurs représentants avant qu’ils ne se rendent en Écosse. La manifestation #BackToTheClimate du 10 octobre avait ainsi rassemblé près de 50 000 personnes : elles avaient défilé à l’appel de la Coalition Climat, qui rassemble près de quatre-vingts organisations et syndicats, pour demander des actions concrètes afin de limiter les conséquences du changement climatique.

Ce samedi, les Bruxellois étaient invités à marcher « symboliquement » cette fois, à travers une action organisée par Youth for Climate et Oxfam, sur une artère commerciale du centre-ville. Au son de discours portés par des activistes de pays affectés par le dérèglement climatique, les passants ont pu effectuer sur un tapis de course quelques pas en communion avec les autres marcheurs mobilisés dans le monde pour la World Climate March. « L’idée est que nous diffusions ensuite ces images de gens sur le tapis lors des actions que nos organisations mènent toute la semaine à Glasgow », explique Julien Lepeer, d’Oxfam Belgique.
L’action se veut ludique et familiale, comme le confirme Élise Hallet, membre de Youth for Climate, qui rappelle que beaucoup de militants qui auraient souhaité aller au sommet international n’ont pas pu s’y rendre, à cause de restrictions de voyages et d’accès. L’occasion était donc donnée à ceux qui se sentaient concernés de participer virtuellement.

« Il est plus que temps de se bouger »
À 1 kilomètre de là, dans le quartier des institutions européennes, l’ambiance était tout autre. Depuis quelques jours, la rumeur d’une action préparée par Extinction Rebellion Belgium (XR) avait encouragé la police à déployer un important dispositif pour contrôler un large secteur de rues et de transport en commun, afin de procéder à des arrestations préventives. À midi, une vingtaine de citoyens ont toutefois réussi à déjouer les positions des forces de l’ordre en s’allongeant sur la chaussée de l’une des principales voies routières de la ville. Pour la deuxième fois cette année, XR a ciblé la rue de la Loi, axe symbolique qui relie la Commission européenne au Parlement fédéral belge.

« Il est plus que temps de se bouger, pour nous, pour nos enfants et petits-enfants, pour essayer de faire quelque chose afin de sauver un tant soit peu la biodiversité et la vie sur cette planète », s’exclame Florence, une militante qui répond aux journalistes en restant accrochée, bras dessus, bras dessous, avec ses camarades.
Pour cette action, le slogan choisi était #Time4Rage (l’heure de la colère). « Nous ne pouvons plus nous permettre de succomber au sentiment d’impuissance. Notre revendication est l’instauration d’un Parlement citoyen, où des citoyens pourraient décider ensemble des termes de la transition écologique, plutôt que de laisser les politiciens décider au service des intérêts privés », souligne Xavier De Wannemaeker, porte-parole d’Extinction Rebellion. Le groupe militant demande également que le gouvernement fédéral déclare l’urgence climatique et mette en place un plan d’urgence national juridiquement contraignant pour sortir des énergies fossiles et préserver la biodiversité.
Alors que la police fédérale embarquait un à un les activistes non violents, sous les applaudissements, un second groupe a entamé un nouveau sit-in à 300 mètres de là. L’ensemble de l’action a duré près de deux heures et 238 personnes ont été arrêtées et emmenées par la police, avant d’être relâchées plus tard dans la soirée.