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À Lille, les militants déterminés contre l’extension de l’aéroport

Les militants mobilisés à l'aéroport de Lille pour dénoncer les projets d'extension d'aéroports, samedi 8 octobre 2022.

Une centaine de militants d’ANV-COP21 et d’Extinction Rebellion ont mené une action de désobéissance civile à l’aéroport de Lille samedi 8 octobre. Objectif : dénoncer le projet d’extension.

Lille (Nord), reportage

« Allez ! On y va ! » enjoint Charlène Fleury aux militants d’ANV-COP21 et d’Extinction Rebellion. Il est presque 9 heures, samedi 8 octobre, quand les activistes avancent au pas de course sur une route pavée bordée d’arbres aux confins du village d’Avelin, au sud de la métropole lilloise. Au loin, le chemin est coupé net par les pistes d’atterrissage de l’aéroport de Lille.
 
Avec ses 2 millions de passagers en 2018, la société Aéroport de Lille voit grand pour son avenir. Elle prévoit un projet d’envergure de modernisation et d’extension, une opération visant à croître le nombre de passagers jusqu’à 78 % d’ici 2039, soit 3,9 millions de voyageurs par an. Au menu, un doublement de la surface de l’aérogare ou encore la construction d’un parking pour accueillir le flux supplémentaire de voyageurs. Une tendance expansive qui touche de nombreux « petits » aéroports en France. « C’est un non-sens d’agrandir ces aéroports, précise Charlène Fleury, porte-parole du mouvement citoyen Alternatiba. Lille est à proximité des aéroports de la région parisienne et de Bruxelles en à peine une heure de train. Sans mentionner le décalage complet avec l’urgence climatique de réduire les émissions de CO2. »

Mobilisation à l’aéroport de Lille, le 8 octobre 2022. © Nicolas Lee / Reporterre

 
Sur le chemin du tarmac, les militants déploient une banderole jaune affichant en lettres capitales « Stop all airport expansions now » (« Arrêtez immédiatement l’extension des aéroports »). En tête du groupe qui trottine vers la piste, Charlène Fleury souligne la dimension globale du problème : « Si un aéroport s’agrandit à un endroit, d’autres ailleurs vont emboîter le pas pour répondre à la croissance du trafic aérien. » Pendant que les grillages qui entourent l’aéroport se font de plus en plus nets, quatre voitures de la gendarmerie viennent barrer la route à la centaine de militants.

« Le risque de me retrouver en garde à vue est plutôt acceptable »

 
Sans pouvoir franchir les barbelés qui protègent l’aéroport, les militants énoncent les revendications aux journalistes devant la grille d’enceinte. Sous la surveillance des forces de police, accrochée à la banderole, Lucie assume de prendre part à des actions de désobéissance civile, celle-ci étant la troisième à son actif. Malgré le risque d’être interpellée par la police, elle explique sans sourciller : « Face à l’urgence climatique, le risque de me retrouver en garde à vue est plutôt acceptable. » À ses côtés, Maider, qui a grandi à Lille, complète : « Il faut aussi prendre en considération l’impact qu’aurait ce projet sur les riverains qui sont directement exposés à la pollution de l’air et sonore. De toute façon, cet aéroport ne sert qu’à une minorité de la population lilloise. Les deux tiers des vols atterrissent dans des villes à moins de 4 heures de train », précise-t-elle.
 
Malgré la réticence de nombreuses communes au projet, la commission d’enquête publique mise sur pied par le département du Nord a rendu un avis favorable au projet de modernisation et d’extension, un « déni de démocratie » auquel Charlène Fleury compte bien faire face. « Avec le collectif Nada [Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille-Lesquin], nous allons déposer un recours d’ici la fin du mois au tribunal administratif de Lille pour contester notamment l’autorisation environnementale », précise-t-elle.
 
L’enjeu pour les militants est de visibiliser la problématique de l’extension par une action. « Lorsqu’on fait du porte-à-porte dans la métropole, une personne sur deux n’est pas au courant de ce projet. » Toujours dans le souci de mettre en lumière ce projet, quelque 200 membres du collectif Nada ont manifesté l’après-midi dans le centre-ville de la capitale des Flandres.
 
En arrière-plan, les moteurs d’un avion frondent, annonçant son décollage. À son passage, Charlène Fleury précise : « Cet avion va en direction de Nice où il y a aussi un projet d’extension »

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