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Covid-19

À l’air libre, le risque de diffusion du virus du Covid est minime

De récentes études soulignent la faible transmission du Covid en extérieur, grâce à l’action du vent et des rayons ultraviolets du soleil. Moins de 5 % des contaminations résultent d’une activité en plein air, indique l’une d’elles. La progression des variants britannique, sud-africain et brésilien imposent tout de même la vigilance.

Peut-on être contaminé par le Covid lors d’une simple balade ? Jeudi 18 mars, l’exécutif a annoncé de nouvelles mesures pour les départements sérieusement frappés par la pandémie, et celles-ci laissent aux citoyens la possibilité de sortir sans limite de durée hors horaires de couvre-feu, dans un rayon de dix kilomètres autour de chez soi. La reconnaissance tardive du fait que le virus contamine peu à l’air libre.

C’est ce qu’indique de longue date l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « Le virus peut se propager lorsque de petites particules liquides sont expulsées par la bouche ou par le nez quand une personne infectée tousse, éternue, parle, chante ou respire profondément. Ces particules liquides sont de différentes tailles, allant de grosses « gouttelettes respiratoires » à des « aérosols » plus petits, rappelle l’institution. On peut aussi contracter le Covid-19 lorsque le virus entre dans la bouche, le nez ou les yeux. » Mais l’agence de santé est claire : c’est surtout dans les lieux et situations additionnant espaces bondés et contacts étroits, « comme c’est par exemple le cas lorsque des personnes tiennent une conversation rapprochée, espaces confinés et clos, mal ventilés », que la diffusion du virus se produit.

Le virus se disperse au grand air et s’étiole au soleil

Dans l’air ambiant, la demi-vie d’élimination du virus — c’est-à-dire le temps nécessaire pour que disparaissent la moitié des particules infectieuses — est « d’environ 1,1 heure, sur des particules fines en suspension générées expérimentalement dans l’air [ce qui] souligne la réduction rapide de l’infectiosité virale dans les aérosols », estime le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Mais une expérimentation « suggère que l’infectiosité du Sars-CoV-2 peut se maintenir plusieurs heures en milieu clos ».

En tous cas, la durée de vie des particules contaminées s’atténue à l’air libre : « Dans l’air extérieur, l’effet de dilution est prépondérant et la probabilité qu’un aérosol contenant des virus soit inhalé avec une charge infectante suffisante est estimée faible en dehors du champ proche, dans un rassemblement par exemple. Par ailleurs, en milieu extérieur, de jour, les rayons ultraviolets contribuent à une disparition rapide des virus », écrit le HCSP.

« En milieu extérieur, de jour, les rayons ultraviolets contribuent à une disparition rapide des virus. »

Quant au risque de transmission par des surfaces inanimées, il semble particulièrement faible. Dans un article publié dans The Lancet, le professeur de microbiologie Emanuel Goldman souligne « qu’aucune étude ne présente de scénarios s’apparentant à des situations réelles ». Les plus longues survies du Sars-CoV-2 ont été étudiées en plaçant un échantillon massif de virus dans des conditions favorables à sa conservation. Ainsi, le risque n’existerait que « dans les cas où une personne infectée tousse ou éternue à la surface, et quelqu’un d’autre touche cette surface peu de temps après la toux ou l’éternuement (en une à deux heures) », explique le microbiologiste.

80 % des contaminations en intérieur fenêtres fermées, 15 % en intérieur fenêtres ouvertes et 5 % à l’extérieur

Alors quelles sont les circonstances les plus propices aux contaminations ? Selon les résultats de l’étude épidémiologique ComCor menée par l’Institut Pasteur [1] le Covid-19 se contracte majoritairement au sein du domicile (42 %), dans la famille élargie (21 %), dans le cadre professionnel (15 %) ou entre amis (11 %). « Les repas, aussi bien en milieu privé que professionnel, sont les circonstances les plus fréquemment rapportées à l’origine de ces transmissions, établit l’étude. L’analyse de plus de dix mille contacts uniques extradomiciliaires à l’origine d’une infection montre que ce contact a eu lieu à l’intérieur fenêtres fermées dans 80 % des cas, à l’intérieur fenêtres ouvertes dans 15 % des cas, et à l’extérieur dans 5 % des cas. » Sachant que dans « dans 84 % des cas, la personne source de l’infection ne portait pas de masque ». Étonnamment, les transports en commun n’ont pas été associés à un surrisque d’infection. 

L’Inserm, le HCSP et l’OMS recommandent son usage dans les milieux ouverts très fréquentés.

Autant d’éléments qui confirment le caractère très limité de la transmission du virus au grand air. Mais la progression des variants britannique, sud-africain et brésilien impose la vigilance. Désormais majoritaire sur le sol français, sa déclinaison anglaise fait preuve d’une charge virale « plus élevée que celle observée dans d’autres virus, ce qui serait probablement associé à une augmentation de l’excrétion virale et à un risque d’une transmission accrue », indique le HCSP. Cela entraînerait une augmentation de sa transmission de 56 % par rapport au Covid-19 « classique ». Des études en cours préjugent, aussi, d’une contagiosité renforcée des variants sud-africain et brésilien.

L’utilité du masque en extérieur n’est pas démontrée

Cette propagation accrue a forcé les autorités françaises à un recalibrage de la stratégie sanitaire. Dans son avis du 20 janvier 2021, le Haut Conseil de santé publique conseillait de porter la distanciation physique nécessaire de un à deux mètres, et préconisait le port des masques en tissu de catégorie 1 (normes Afnor) — soit les masques chirurgicaux à usage unique plutôt que des masques en tissus.

Quid de l’utilité des masques au grand air ? Si le port du masque est devenu un geste quotidien, son utilité en extérieur n’est pas démontrée, faute d’étude approfondie. Pragmatiques, l’Inserm, le Haut Conseil de la santé publique et l’OMS recommandent son usage dans les milieux ouverts très fréquentés, où la distanciation physique est difficile à mettre en œuvre. Si cette distanciation est possible, le port du masque relève d’un principe de précaution, comme l’observait l’Inserm en août : « Dans les lieux [extérieurs] moins fréquentés, le masque a dans certains cas plutôt été imposé ou recommandé au nom du principe de précaution. » Mais dans une étude sur l’utilité du port du masque, l’Institut national de santé publique du Québec observait que « selon l’OMS (2006), il n’existerait aucune donnée expérimentale ni épidémiologique quant à l’efficacité du port du masque dans la communauté pour prévenir les infections causées par le virus de l’influenza ou en atténuer leur gravité. »

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