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Antilles : un produit interdit détecté dans des bananes plantains

Bananes plantains.

Comment rendre les bananes plantains plus attrayantes pour le consommateur ? En les aspergeant d’éthéphon pour les rendre jaunes plus vite. C’est ce que font certains producteurs ou vendeurs aux Antilles. Cet activateur de croissance « pulvérisé sur les fruits cueillis encore verts » permettrait d’« accélérer le passage vers la couleur jaune », expliquait la Préfecture de Martinique dans un communiqué du 1er septembre. Le hic : utilisée pour promouvoir la maturation de certains fruits comme les tomates, les betteraves ou encore le café, cette substance chimique est strictement interdite d’usage sur la banane plantain. En Martinique, il n’est autorisé que sur les cultures d’ananas pour accélérer la floraison.

Alertée dès le mois d’avril, la Répression des fraudes de Martinique a procédé à des contrôles et découvert que 25 des 38 échantillons analysés étaient contaminés, dont 14 à des teneurs élevées. Dans un prélèvement, la concentration atteignait jusqu’à 8,6 milligrammes par kilogramme. Ce niveau de résidu « entraîne une exposition des consommateurs équivalente à 1 669 % de l’ARfD (dose de référence aiguë) pour l’enfant et 364 % de l’ARfD pour l’adulte », estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un avis du 22 septembre.

L’éthéphon employé sur 10 % des échantillons analysés en Guadeloupe

Elle recommande « de ne pas consommer les denrées traitées et de faire cesser tout usage non autorisé de cette substance active ». Reste à savoir dans quelles proportions l’éthéphon a été utilisé. Surveillance sanitaire et prélèvements continuent dans le département « afin d’identifier et de prévenir d’autres contaminations possibles et d’assurer la protection des consommateurs », assure la Préfecture.

Si l’éthéphon ne semble pas très dangereux pour les consommateurs, il est en revanche très toxique pour les agriculteurs. Le produit peut provoquer des brûlures de la peau et des lésions oculaires graves.

De son côté et par précaution, la Guadeloupe a mené des contrôles. Les résultats révélés le 19 octobre « ont mis en évidence une utilisation illicite de ce produit qui, à ce stade, peut être qualifiée de marginale », estiment les services de l’État. L’éthéphon a été employé sur 10 % des échantillons analysés. La dose relevée reste néanmoins inférieure à la dose de référence aiguë qui « définit la quantité maximum de substance qui peut être ingérée par le consommateur pendant une courte période, sans risque d’effet dangereux pour sa santé », souligne la Préfecture. Il n’y aurait pas de risque en cas de consommation en une fois ou sur une période courte.

Une enquête judiciaire a été ouverte en Martinique afin de « caractériser les délits de tromperie sur une marchandise dangereuse pour la santé, de mise en danger d’autrui et d’utilisation de produits phytosanitaires non conformes ».

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