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En brefNucléaire

Après une guerre nucléaire, des milliards de personnes périraient de la faim

Au lendemain du début de la guerre en Ukraine, un membre du programme de développement des Nations unies à Kiev, le 25 février 2022.

Au-delà des pertes humaines directes innombrables, le développement d’une guerre nucléaire à l’échelle mondiale pourrait bouleverser totalement le climat. Au point d’entraîner une famine mondiale et la mort de plus de 5 milliards de personnes, selon une étude publiée dans Nature Food lundi 15 août.

À l’instar des grandes éruptions volcaniques capables de refroidir localement le climat en obstruant partiellement les chauds rayons du soleil, une guerre nucléaire sur des villes ou des zones industrielles provoquerait des « tempêtes de feu » capables d’injecter de grande quantité de suie dans la haute atmosphère, expliquent des chercheurs de l’université de Rutgers aux États-Unis. Conséquence : le climat pourrait alors refroidir, affectant cultures et élevages.

Partant de ce préambule, les chercheurs ont imaginé six scénarios impliquant différents pays dans une guerre nucléaire. Au regard des armes dont dispose chacun des potentiels belligérants, ils ont estimé la quantité de suie qui pourrait être dispersée dans la haute atmosphère, et leurs conséquences agricoles. Selon des scénarios d’attaque plus ou moins intenses confrontant l’Inde et le Pakistan, les chercheurs anticipent ainsi une chute des rendements agricoles pouvant aller de 7 % à l’échelle mondiale — ce qui précipiterait dans la famine près de 255 millions de personnes —, à 50 %, causant alors 2 milliards de décès en raison des famines. Dans le pire des scénarios, celui d’une guerre nucléaire entre les États-Unis et la Russie, qui possèdent à eux seuls 90 % des armes nucléaires, les pertes agricoles atteindraient 90 % et plus de 5,3 milliards d’humains périraient de famine.

Pour parer ces difficultés, la réduction du gaspillage alimentaire ou le passage à une alimentation végétarienne n’auront que peu d’effets au vu de l’ampleur du désastre, estiment encore les chercheurs. Maigre consolation : les capacités d’adaptation de la population n’ont pas été prises en compte dans ce travail. Ainsi, les agriculteurs pourraient choisir de cultiver des plantes plus résistantes au froid ou les consommateurs trouver des sources alimentaires alternatives. Quant aux stocks alimentaires, les chercheurs évaluent qu’ils pourraient au mieux améliorer la situation sur la première année, mais pas au-delà. Sans oublier que les pertes humaines à déplorer lors d’un conflit pourraient encore affaiblir la disponibilité en main-d’œuvre agricole et affecter encore davantage la production alimentaire.

En guise de conclusion, les chercheurs ont rappelé la déclaration de 1985 du président étasunien Ronald Reagan et du secrétaire général soviétique Mikhaïl Gorbatchev, réaffirmée par les présidents des États-Unis Joe Biden et russe Vladimir Poutine en janvier dernier : « Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. »

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