Climat : l’ONU somme les pays riches d’être « crédibles »

Lors du sommet pour l'ambition climatique de New York, le 20 septembre 2023, les pays du monde entier devront avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. - Pxhere / CC
Lors du sommet pour l'ambition climatique de New York, le 20 septembre 2023, les pays du monde entier devront avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. - Pxhere / CC
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Le 20 septembre, à New York, se tient le sommet pour l’ambition climatique. Les États sont invités à prendre des « mesures concrètes », notamment pour sortir des énergies fossiles.
Actualisation mercredi 20 septembre à 11 h 40 : Selon la liste diffusée par l’ONU mardi 19 septembre au soir, Joe Biden, président des États-Unis, sera finalement absent au sommet pour l’ambition climatique, de même que la Chine et le Royaume-Uni.
« Il n’y aura pas de place pour les partisans du retour en arrière, ceux de l’écoblanchiment, ceux qui rejettent la faute sur les autres ou pour le reformatage des annonces des années précédentes. » C’est par ces paroles déterminées que le secrétaire général des Nations unies António Guterres avait annoncé fin 2022 le sommet pour l’ambition climatique, qui se déroule mercredi 20 septembre à New York.
Le programme de la journée est copieux : une plénière où seuls « les premiers à bouger et à faire » pourront s’exprimer ; une réunion sur le financement des pertes et préjudices destiné aux pays du Sud ; et trois sessions thématiques sur la « crédibilité » des actions de la société civile, l’adaptation et l’accélération de la décarbonation. Objectif : avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Une soixantaine de chefs d’État et de gouvernement — dont Joe Biden, le président des États-Unis — sont attendus.
Les États-membres invités à présenter des mesures pour atteindre le zéro émission nette
Du côté de la réduction des gaz à effet de serre, plusieurs sujets sont sur la table. Les États-membres de l’ONU sont invités à présenter de nouvelles mesures pour atteindre le zéro émission nette d’ici 2040 pour les pays développés, 2050 pour les pays émergents. Des mesures « crédibles », notamment du côté des acteurs privés et des collectivités locales, précise à Reporterre Sébastien Treyer, directeur général de l’Iddri.
« La crédibilité, ce n’est pas dire qu’on va être net zéro et ensuite imaginer qu’on va pouvoir compenser les émissions qu’on n’arrive pas à réduire en achetant des crédits carbone au Sud, prévient-il. Dans un rapport remis lors de la COP27, l’ancienne ministre de l’Environnement canadienne Catherine McKenna disait que l’intégrité, c’était d’être vraiment au plus près de zéro. C’est extrêmement important. »
En particulier, une question reste en suspens : quelle échéance pour l’abandon définitif du charbon, du pétrole et du gaz ? « Un rapport technique est sorti cette semaine et dit clairement qu’il faut travailler à la fois sur le déploiement des énergies renouvelables et la sortie des énergies fossiles, poursuit M. Treyer. On espère qu’il va être repris politiquement au plus haut niveau. »
Le directeur général de l’Iddri se dit toutefois « pessimiste » quant à la possibilité de nouvelles annonces lors de ce sommet. Le G20, qui s’est achevé le 10 septembre à New Delhi (Inde), avait déjà échoué à trouver un accord sur un calendrier. Les perspectives ne sont guère meilleures pour la COP28, présidée par un pays pétrolier, du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï (Émirats arabes unis).
Pourtant, le temps presse. Selon le bilan mondial publié début septembre par la Convention des Nations unies pour le climat (UNFCCC), il faudrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 42 % d’ici 2030 pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C. Or, les engagements actuels des États-membres, s’ils étaient respectés, ne conduiraient qu’à 0,3 % de réduction.
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L’un des sujets majeurs au menu du sommet : le financement des pays du Sud. Le principe d’un fonds pour les « pertes et dommages » — pour aider les pays les plus vulnérables à se relever après des catastrophes climatiques — a été adopté lors de la COP27 de Charm el-Cheikh (Égypte). « Sa mise en œuvre doit avoir avancé à Dubaï en décembre. On attend donc des éléments très précis sur son fonctionnement », dit M. Treyer. Les pays développés devront aussi apporter des garanties sur l’objectif de 100 milliards de dollars par an dédiés au Fonds vert pour le climat. « Ces signaux sont très importants. Sinon, les pays du Sud vont faire entendre leur colère et on risque un décrochage entre le Sud et le Nord », prévient le directeur général de l’Iddri.
Joe Biden présent, mais pas Emmanuel Macron
Lors du premier sommet africain sur le climat, du 4 au 13 septembre à Nairobi (Kenya), de nombreux dirigeants avaient appelé à une réforme de l’aide financière internationale. Parmi leurs propositions, l’allègement des dettes avec suspension des remboursements en cas de catastrophe climatique, la fin des prêts pour les projets fossiles ou encore la création d’une taxe mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre.
Pas sûr cependant que ces dossiers techniques avancent lors du sommet pour l’ambition climatique. « Il y aura peut-être une avancée sur le sujet assez consensuel de la suspension des services de la dette en cas de catastrophe climatique, déjà évoquée au sommet de juin », suppose M. Treyer. Selon lui, les autres sujets pourraient plutôt être abordés lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) du 9 au 15 octobre à Marrakech (Maroc).
Alors, l’ambition climatique sera-t-elle au rendez-vous ? Signe de mauvaise augure, plusieurs dirigeants de premier plan n’ont pas prévu de se déplacer, parmi lesquels le Premier ministre britannique Rishi Sunak ou encore Emmanuel Macron. Le président des États-Unis sera en revanche présent. « À mon avis, ce sont les Américains qui vont dire ce qu’ils vont faire au plus haut niveau. Un boulevard est offert aux États-Unis pour avancer », espère le directeur général de l’Iddri.