Chic ! La bicyclette est de retour !

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TransportsSaviez-vous que dans les années 1930, des embouteillages de cyclistes se formaient aux heures de pointe devant les usines ? Oui, la France a (jadis) été un pays propice à la pédale, au même titre que l’Allemagne. Et oui, elle peut le redevenir. C’est la thèse défendue par Frédéric Héran, économiste des transports, dans son livre Le retour de la bicyclette.
Grâce à un travail de recherche historique et à une analyse fine des politiques de déplacement en France mais aussi en Europe, le chercheur Frédéric Héran nous livre une réponse très aboutie à la question qui taraudent les cyclistes passionnés : pourquoi les Hollandais roulent-ils plus que nous à vélo ?
Le rôle des lobbys
La réponse n’est en effet pas si simple. « Le rôle des lobbys est évident, explique Frédéric Héran. Le vélo s’est bien mieux maintenu dans les pays sans industrie automobile. Et particularité française, il y a surtout eu chez nous le lobby des deux-roues motorisées. »
Solex, Peugeot et autres ont freiné des quatre chevaux dans les années 1970 et 1980 pour empêcher le retour de la petite reine. « Le cyclomoteur a bouffé le vélo. » Autre facteur : « Dans les villes anciennes, comme en Italie du Nord ou aux Pays-Bas, les habitants se sont sentis dépossédés de leur urbanité par la voiture, et ils se sont vite révoltés. »
Le vélo n’est ni une simple « machine à courir » (du nom de la première bicyclette), ni un mode de transport anecdotique. Émancipation de la femme, démocratisation des déplacements... Pour Frédéric Héran, il s’agit d’un « choix de société » et d’un objet potentiellement « révolutionnaire ».
Pour autant, le vélo reste fragile. « Il a toujours été en concurrence avec d’autres moyens : le cheval, le tramway, l’auto, le deux-roues... Si les politiques privilégient l’un, cela se fait au détriment des autres. »
Un retour inéluctable ?
Le retour en grâce de la bicyclette ne fait pour l’auteur aucun doute : « C’est certain, il y a des tas de raisons d’espérer ! » D’abord parce que nos voisins européens tentent tous de lever le pied en ville : les zones limitées à 30 km/h fleurissent, et c’est tant mieux !
« La modération de la circulation est le meilleur moyen pour relancer le vélo, bien plus que les aménagements cyclables », explique le chercheur, qui y voit « une tendance lourde vers la diminution de la vitesse automobile. »
Olivier Razemon, auteur du Pouvoir de la pédale, n’est pas si optimiste : « Je ne suis pas certain que l’histoire se finisse si bien, il y a encore peu d’obstacles à la voiture. »
Dans son livre, Frédéric Héran s’attache à décrire la ville cyclable de demain. « La profusion de matériels et de nouveautés (vélo pliant, triporteur...) créera un nouvel art de vivre, loin du retour à la bougie », écrit-il.
Zone à trafic limité comme les nouvelles zones de rencontre, ateliers participatifs de réparation... Il énumère les signes d’une vélorution en marche. « Les mariages avec arrivée et départ en luxueux tandem et rickshaw fleuri se multiplieront », conclut l’ouvrage.
Des mots qui font du bien et qui donnent à réfléchir. « J’ai écrit le livre que je voulais lire depuis longtemps, explique Frédéric Héran. Il me semble qu’il manquait une approche globale des systèmes de déplacements urbains. » Loin d’être technique, il aborde avec pédagogie et force anecdotes une histoire à la fois méconnue et qui nous concerne tous.
- Le retour de la bicyclette, Frédéric HERAN, Éditions La Découverte, 160 pages, 17,90 €.