Claude Lorius, pionnier de la climatologie moderne, est mort

En quarante ans de carrière, Claude Lorius est parti plus d'une vingtaine de fois en expédition. - © Facebook/Institut polaire français Paul-Émile-Victor
En quarante ans de carrière, Claude Lorius est parti plus d'une vingtaine de fois en expédition. - © Facebook/Institut polaire français Paul-Émile-Victor
C’était un pionnier des expéditions polaires. Le glaciologue Claude Lorius est mort le 21 mars, à l’âge de 91 ans. Émus par la disparition de l’un des plus grands chercheurs-aventurier du XXe siècle, de nombreux scientifiques lui ont rendu hommage sur Twitter. « Immense tristesse que d’apprendre le décès de Claude Lorius », a par exemple réagi la glaciologue Heidï Sevestre.
Grâce à ses nombreux « hivernages » en Antarctique — sa première mission était en 1957 — ses recherches ont contribué à l’étude du climat du passé, notamment via l’analyse des bulles d’air piégées dans les carottes de glace.
Tout est venu d’un verre de whisky, s’est remémoré, pour sa part, Jérôme Chappellaz, ancien directeur de l’Institut polaire français Paul-Émile-Victor, dans le journal Le Figaro. Alors que Claude Lorius était en Antarctique au milieu des années 60, il a « mis un bout de glaçon datant de 15 000 ans dans son verre et constaté que des bulles d’air s’échappaient en pétillant à mesure que le bloc fondait. Il a eu l’intuition que ce gaz pouvait contenir des informations susceptibles de reconstituer l’atmosphère du passé. »
De nombreuses distinctions reçues
C’est vingt ans plus tard que des carottes de glace fournies par des chercheurs soviétiques lui ont permis d’établir un lien entre la concentration de CO₂ dans l’air et l’augmentation de la température globale de la planète. Ainsi, Claude Lorius est l’un des premiers scientifiques, avec Jean Jouzel, à avoir démontré l’origine humaine du réchauffement climatique.
Claude Lorius, né à Besançon en 1932, a créé le Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement à Grenoble. Il a reçu de nombreux prix pour ses travaux : la médaille d’or du CNRS avec son confrère Jean Jouzel en 2002 ; le Blue Planet Prize (sorte de prix Nobel de l’Environnement) en 2008… En 2015, le réalisateur Luc Jacquet l’avait convaincu de repartir avec lui en Antarctique, pour tourner le documentaire La Glace et le ciel, qui retraçait sa vie.