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Pesticides

Dans le Limousin, bataille contre l’épandage des pesticides par hélicoptère

En Limousin, la culture de la châtaigne recourt à des épandages de pesticides par avion ou par hélicoptère. Une association a réussi à faire reculer cette pratique nuisible à la santé.


« Dans les vergers du Limousin, les tracteurs équipés d’aérosols répandent des pesticides, jusqu’à 50 passages par an  » explique Fabrice Micouraud président de l’association Allassac-ONGF et administrateur de Générations Futures.

Il tempête contre le développement de la casténeiculture [culture de la châtaigne] intensive où l’on reproduit les mêmes erreurs qu’avec les pommiers. « Des arbres plantés en rangs, des variétés de châtaignes non locales mais à fort rendement qui nécessitent beaucoup de traitements, notamment par voie aérienne ». En France, la loi interdit les épandages par voie aérienne, sauf dérogations… trop souvent accordées jusqu’à présent déplore-t-il.

Et dans ce cas, d’ailleurs, des conditions particulières doivent être respectées comme les distances par rapport aux habitations, aux points d’eau, etc. « Entre 2008 et 2010, on a assisté à des épandages par hélicoptères jusque dans des cours de maisons ! Pas n’importe lesquels, des applications de produits classés cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. Nous avons porté plainte contre une quinzaine de communes. Suite à quoi, malgré les pressions, le préfet a refusé de signer les dérogations ! » Une grande victoire pour la petite association car en 2012, il n’y a pas eu de pulvérisation par hélicoptère.

Reste que les particuliers ont dû mal à faire valoir leurs droits. En cas de dépôt de plainte, il faut pouvoir faire constater le dommage par un agent assermenté, prouver les conditions météo, mener des investigations sur le calendrier (concordance des déclarations de traitements et traitements effectifs par exemple), et connaître les textes, ce en quoi s’est spécialisée l’association de M. Micouraud.

Ainsi selon les textes de loi, lorsqu’il traite, un agriculteur doit tenir compte de la force du vent. Au delà de 19km/h, un riverain peut se plaindre. C’est pourquoi l’Allassac-ONGF souhaiterait l’installation de drapeaux ou de manchons dans les champs pour indiquer le sens et la force du vent.

En attendant, la dernière action des militants limousins semble avoir porté ses fruits : « Nous avons défilé et planté des croix blanches dans les champs en hommage aux agriculteurs victimes, passées et à venir. Peu de temps après, le conseil général de Corrèze a annoncé qu’il s’engageait dans une charte zéro pesticides  ».


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