Emmanuel Macron ne veut plus entendre parler des retraites

Depuis l’Élysée, Emmanuel Macron s’est donné jusqu’au 14 juillet pour relancer son second mandat décrié. - Capture écran Twitter/Emmanuel Macron
Depuis l’Élysée, Emmanuel Macron s’est donné jusqu’au 14 juillet pour relancer son second mandat décrié. - Capture écran Twitter/Emmanuel Macron
« Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France. » Du moins, tel est le vœu d’Emmanuel Macron. Le 17 avril, à 20 heures, le président de la République a pris la parole sur les grandes chaînes télévisées. Depuis son bureau à l’Élysée, il s’est donné jusqu’au 14 juillet pour relancer son second mandat décrié.
« Au pouvoir depuis six ans, Emmanuel Macron donne rendez-vous dans 100 jours, pour éteindre le feu qu’il n’a cessé d’attiser dans le pays, a réagi sur Twitter l’économiste Maxime Combes. 100 jours d’unité et d’apaisement OU 100 jours de mobilisations citoyennes, syndicales et politiques ? »
Sans surprise, le chef de l’État n’a pu contourner l’épineuse question de la réforme des retraites, promulguée le 14 avril en dépit du rejet massif de la population. Il a clamé que celle-ci était « nécessaire » et qu’elle avait été adoptée « conformément à ce que prévoit notre Constitution ». Avant d’ajouter : « Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique. » Sauf que le président a décidé de maintenir son cap et de tourner la page.
Trois grands chantiers à venir
Emmanuel Macron a bel et bien profité de l’allocution pour fixer les trois grands chantiers qu’il entend désormais mener. Premièrement, la construction d’un « nouveau pacte de la vie au travail », main dans la main avec les partenaires sociaux, avec comme ambition de « ramener vers le travail le plus de bénéficiaires du RSA ». Deuxièmement, le retour à « l’ordre républicain » avec « des annonces fortes dès le mois de mai » contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales. Et enfin, le chantier de la santé et de l’école, avec comme promesses de « désengorger » tous les services d’urgence d’ici fin 2024 et de faire de l’éducation nationale « l’une des meilleures d’Europe ».
Le chef de l’État a par ailleurs remis sur la table une certaine « planification écologique ». Il assure vouloir en dévoiler le contenu « d’ici à l’été »... autrement dit, plus d’un an après l’avoir lancée, dans son discours d’entre-deux tours à Marseille. Il est là question de poser « un cadre [...] grâce auquel nous serons mieux parés pour faire face à la sécheresse », a-t-il notamment déclaré.
Emmanuel Macron n’annonce rien, ne change rien. Il ne prend pas la mesure ni de la colère, ni de l’ampleur de la crise sociale et environnementale.
Le discours d’un vide abyssal d’un Président ivre de sa propre parole. #Macron20h #allocutionprésidentielle
— Cyrielle Chatelain (@Cyrielle_Chtl) April 17, 2023
Cette feuille de route, dont Élisabeth Borne est censée détailler les contours dans les prochains jours, n’a pas convaincu l’opposition. « Macron ressemble à un enfant capricieux à qui on aurait laissé une boîte d’allumettes dans une station essence, a commenté l’Insoumise Clémentine Autain. Une telle allocution, hors sol et sans annonce concrète, ne peut qu’ajouter de la colère à la colère des Français ulcérés par tant de régressions et de mépris. »
Si le locataire de l’Élysée semble déjà avoir le regard tourné vers l’avenir, les syndicats comptent bien poursuivre la confrontation sur le dossier des retraites. Partout en France, au pied des mairies et des préfectures, des opposants au report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ont tenté de couvrir symboliquement le discours du président avec des « concerts de casseroles ». Dans un communiqué, l’intersyndicale a d’ailleurs appelé « à faire du 1er mai une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire ».