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ReportageLoi Climat

Enchaînées devant l’Assemblée nationale pour protester contre la loi Climat

Mardi 4 mai, jour du vote solennel d’adoption en première lecture du projet de loi Climat, des activistes d’Extinction Rebellion et leurs soutiens ont manifesté devant l’Assemblée nationale pour dire combien ce texte n’est pas à la hauteur des enjeux.

Paris, reportage

Mardi 4 mai, les députés ont adopté en première lecture le projet de loi « portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets », dite loi Climat. À cette occasion, une cinquantaine d’activistes d’Extinction Rebellion ont manifesté devant l’Assemblée nationale. Douze militantes se sont attachées aux grilles du Palais Bourbon afin de protester contre la faiblesse du texte, très éloigné des propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

Elles se sont attachées par le cou aux grilles de l’Assemblée. Avant l’action, des ministres et des députés jugés trop passifs face à la loi Climat avaient reçu les clés des cadenas, pour « libérer » symboliquement les activistes. Mais ils ne sont pas venus.

Face à elles, au sol, des activistes et des élus ont également participé au rassemblement, certains en portant des banderoles. Des militants assis ont ensuite allumé des fumigènes, noyant l’air devant le porche de l’Assemblée d’un nuage orange.

La police a soulevé les activistes pour les emmener dans un fourgon. Deux heures plus tard, un seul d’entre eux sera finalement placé en garde à vue. Les militantes enchaînées aux grilles sont descendues d’elles-mêmes, à l’issue du vote. Durant tout le rassemblement, les prises de parole se sont multipliées.

Des activistes se sont attachées par le cou aux grilles de l’Assemblée nationale du côté de la place du Palais Bourbon.

Cyril Dion, écrivain et réalisateur : « Nous sommes présents aujourd’hui pour soutenir l’action d’Extinction Rebellion. On ne sait plus trop quoi faire pour dire au gouvernement que la situation est extrêmement grave. Les températures vont augmenter de 1,5 °C entre 2030 et 2035 ; les 2 °C vont être atteints entre 2040 et 2045. C’est déjà acquis et à partir du moment où on les dépassera… On ne sait plus ce qui se passera. Il est fort possible que cette planète devienne partiellement inhabitable. »

Cyril Dion, écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste.

Jean-François Périgné, membre de la Confédération paysanne : « Cette loi ne répond pas aux enjeux qui sont posés. Nous, les agriculteurs, nous sommes les premières victimes du dérèglement climatique, parce que nous vivons au quotidien avec la nature. Il y a quelques mois, la France était sous l’eau, aujourd’hui on court à la sécheresse. Dans cette loi, il n’y a rien sur la question de l’eau, c’est complètement catastrophique. Il n’y a rien sur le changement de modèle agricole, rien sur l’accaparement du foncier, rien sur la production d’énergie, ni sur les terres destinées à l’alimentation.

Cette loi est inutile. Chaque fois que Macron a organisé des consultations grand public, ce dernier a répondu qu’il était urgent de changer de modèle… Eh bien ! Que vont faire les élus à l’intérieur de cet hémicycle aujourd’hui ? »

Jean-François Périgné, membre de la Confédération paysanne.

Camille Étienne, activiste pour la justice sociale et climatique : « On a passé trois semaines sur cette place [devant l’Assemblée nationale] pour que les politiques prennent conscience que nous sommes les gens qu’ils sont censés représenter. Leur politique affecte nos vies directement. On ne se bat pas que pour les ours polaires, on se bat pour ce qui se passe ici et maintenant. On vit un moment de bascule. Concrètement, la planète a des limites. On en a déjà dépassé quatre sur les neuf [1] et on ne pourra pas faire autrement.

Imaginez qu’on est en haut d’un toboggan, comme un enfant, et à un moment donné, il y a un point après lequel on ne peut plus s’arrêter ; et on glisse inexorablement vers le sol… eh bien ! on est là, juste à ce point-là. C’est pour ça qu’il a des gens qui décident de s’enchaîner à l’Assemblée nationale, c’est pour ça que des gens décident de prendre des risques. On a peur, on a peur avec justesse. On a besoin de vous [les politiques] pour ne plus avoir peur, et pouvoir, tous ensemble, agir démocratiquement. »

Camille Étienne, une activiste pour la justice sociale et climatique.

William Aucant, membre des 150 conventionnels pour le climat : « Ce que je veux dire à la loi Climat : on en attendait beaucoup d’elle, je parle au passé, mais j’en attends encore un peu. [Loi Climat], il faut que tu te ressaisisses, il faut que tu ailles plus loin. Tu vas passer par les sénateurs, et j’ai bon espoir que tu puisses gagner en ambition. Malheureusement, l’ambition est trop faible, donc, loi Climat, je te regarde, j’espère que tu trouveras vraiment ta voie. »

William Aucant est membre des 150 conventionnels pour le climat.

Notre reportage en images :


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