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Interdiction du glyphosate : trois ans plus tard, Emmanuel Macron n’a pas tenu sa promesse

C’était il y a trois ans, jour pour jour. Emmanuel Macron tweetait son ambition d’enfin sortir du glyphosate, cet herbicide dangereux pour la santé humaine et l’environnement. « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans », écrivait le président de la République, le 27 novembre 2017.

Trois ans plus tard, l’échéance est arrivée et force est de constater que cette ambition a été enterrée. Une réunion interministérielle sur le sujet était prévue ce vendredi 27 novembre 2020 — en présence de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, et Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. Réelle intention de rattraper le coup ou simple coup de com’ ? Les associations et ONG penchent plutôt pour la seconde option, puisque aucune décision n’a vraisemblablement été prise à l’issue de cette réunion.

Le gouvernement semble se reposer sur l’espoir que le glyphosate sera interdit par l’Union européenne. « Emmanuel Macron a beau promettre une interdiction du glyphosate au niveau européen, rien ne garantit que celle-ci sera actée par les 27 [pays de l’Union] en 2022, indique Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture pour Greenpeace France. Raison de plus pour la France d’avancer sur ce sujet et de respecter la promesse initiale du Président. »

Une promesse qui n’a jamais été inscrite dans la loi

En 2018, des députés avaient tenté d’inscrire cette interdiction dans la loi, notamment dans celle relative à l’Agriculture et l’alimentation. En vain : l’ensemble des amendements allant dans ce sens avaient été rejetés par la majorité présidentielle.

« Il n’y a pas besoin d’inscrire cela dans la loi, le gouvernement peut prendre la décision quand il le souhaite en suspendant l’Autorisation de mise sur le marché, arguait à l’époque à Reporterre le rapporteur du texte Jean-Baptiste Moreau. J’ai confiance en la parole du Président, il reste engagé sur les trois ans, le gouvernement veut le faire en convaincant les partenaires européens et en trouvant des solutions aux impasses techniques. »

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport, le 9 octobre 2020, pour définir quels sont les usages pour lesquels l’institution n’autorisera désormais plus la mise sur le marché des préparations à base de cet herbicide. Ce document montre que les situations dans lesquels le glyphosate pourra encore être épandu restent finalement nombreuses, et tout porte à croire que le gouvernement va inciter la mise en application des recommandations de ce rapport plutôt que d’enfin interdire le glyphosate.

Le 5 novembre, Julien Denormandie a annoncé que le gouvernement allait débloquer une enveloppe de sept millions d’euros pour accélérer la recherche sur les alternatives aux herbicides à base de glyphosate.

  • Source : Reporterre
  • Photo : Flickr (Chafer Machinery/CC BY 2.0)

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