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ReportageCulture et idées

« L’Écologie du XXIe siècle » : lutter avec rage et beauté

Mardi 4 février, Corinne Morel Darleux, Claire Nouvian et François Ruffin étaient invités par Reporterre à discuter d’écologie, de dissidence et de modèles d’action politique dans la lignée de la parution du livre « L’Écologie du XXIe siècle ».

  • Paris, reportage

Dans le sous-sol de Ici librairie, la salle déborde de monde jusqu’aux escaliers, qui sont occupés par les derniers arrivants. Pourtant, le silence règne et l’attention est focalisée sur les quatre personnes qui leur font face, Corinne Morel Darleux, Claire Nouvian, François Ruffin et Hervé Kempf. Un livre les réunit : L’Écologie du XXIe siècle, publié aux éditions du Seuil en partenariat avec Reporterre. À travers ses pages, on y découvre des entretiens avec douze acteurs et actrices de l’écologie âgés de moins de 45 ans, dont Fatima Ouassak, Alessandro Pignocchi, Pablo Servigne ou Angélique Huguin, et bien sûr, les trois intervenants de ce soir. Une nouvelle génération, qui va tracer le chemin des prochaines décennies.

Rapport sur le climat par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), rapport sur la biodiversité par l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques)… les données scientifiques sur l’urgence écologique s’accumulent, sont reprises et médiatisées. Quasiment inévitables, elles occupent les esprits de l’époque. Pour la première fois, des générations sont confrontées à l’effondrement écologique. Alors, que faire ?

À la librairie Ici, le 4 février 2020.

« Il faut trouver des modes d’action adaptés aux enjeux et au timing. Il faut trouver d’autres moyens pour lutter que la rage et la colère, insuffler d’autres choses, qui relèvent de l’art et de la beauté. Sinon, on ne va pas tenir », explique Corinne Morel Darleux, autrice de Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Son regard, souligné par des lunettes noires, laisse percevoir sa détermination. Corinne Morel Darleux, Claire Nouvian, François Ruffin, tous les trois vivent la lutte écologique et sociale de ce siècle. À chacune sa manière de se révolter, par le biais associatif, politique ou artistique. La lutte les habite, elle frémit à travers chacune de leurs phrases.

Corinne Morel Darleux : « Il faut trouver d’autres moyens pour lutter que la rage et la colère, insuffler d’autres choses, qui relèvent de l’art et de la beauté. Sinon, on ne va pas tenir. »

« Il se passe plein de choses qu’on ne voit pas forcément, qui sont les petites victoires d’aujourd’hui » 

« Pour moi, c’est les urnes ET la rue. Et si, demain, il y a une barricade, je serai le premier dessus », répond François Ruffin, député France insoumise, d’un ton enflammé. Une trombe d’applaudissements salue ses paroles. Les trois intervenants de la soirée, les personnes qui les écoutent, beaucoup se questionnent : où suis-je utile ? Quand les fronts de lutte se multiplient, où mon aide est-elle la plus pertinente ? Une fois la prise de conscience passée, un sentiment de lucidité prend place. Souvent, celui-ci peut être moteur d’action : « Il se passe plein de choses qu’on ne voit pas forcément, qui sont les petites victoires d’aujourd’hui. Dans les réseaux autogérés, dans les Zad, dans les maisons du peuple, dans l’accueil des migrants en dehors de tout cadre institutionnel, dans les mouvements de municipalisme libertaire », énumère Corinne Morel Darleux.

François Ruffin : « Si demain, il y a une barricade, je serai le premier dessus ».

« Où est notre espace de dissidence ? On continuera de lutter pour l’élan vital, mais, quand même, on perd », assène Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom dédiée à la protection de la faune et la flore océanique. Un sourire au coin des lèvres ne la quittera pas de la soirée. Ses paroles dégagent la clairvoyance et un certain pessimisme. Lutter occupe son esprit. Il faut détenir une certaine force mentale pour que la fatigue ne prenne pas le dessus. Pour que le cynisme ambiant auquel militants et militantes font face ne soit pas trop écrasant : « On a la conscience en partage, des luttes en partage. Ensemble, on se sent moins seule », souligne-t-elle.

Claire Nouvian : « On a la conscience en partage, des luttes en partage. Ensemble, on se sent moins seule ».

Sa phrase trouve un écho particulier au sein de la librairie. Sûrement que cette conscience à partager se distille à travers les ouvrages qui l’entourent. Le temps d’une heure et demie, le sous-sol de la librairie s’est empreint de cet esprit de dissidence. Après tout, le rouge et le vert sont des couleurs complémentaires.



  • (Re)-vivez l’intégralité de la soirée


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