L’OMS évalue la radioactivité subie par les riverains de Fukushima
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Santé Catastrophes nucléaires
L’Organisation Mondiale de la Santé a publié un rapport sur les taux d’irradiation et d’exposition à la radioactivité au Japon après la catastrophe de Fukushima. Seuls deux villages auraient été dangereusement exposés.
Les pics de radioactivité liés à la catastrophe de Fukushima étaient inférieurs au niveau susceptible de provoquer des cancers dans presque tout le Japon, mais les nouveaux nés et les jeunes enfants dans une ville du pays semblent présenter un risque plus élevé de développer un cancer de la thyroïde d’après ce qu’a indiqué l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) mercredi.
Dans un rapport préliminaire, des experts indépendants ont indiqué que les individus vivant dans deux endroits de la préfecture de Fukushima pourraient avoir reçu une dose de radiation de 10 à 50 millisieverts (mSv) au cours de l’année qui a suivi l’incident de la centrale nucléaire de TEPCO à Fukushima.
Parallèlement, mercredi, une équipe scientifique des Nations Unies a indiqué que plusieurs ouvriers ayant travaillé à TEPCO avaient été « irradiés après contamination de leur peau » cependant aucun effet clinique observable n’avait été signalé à ce jour.
Les doses n’ont pas été estimées pour la zone se situant dans un rayon de 20 kilomètres de Fukushima
« Six ouvriers sont morts depuis l’accident mais aucun des décès n’a été associé à une irradiation » a indiqué un communiqué publié à Vienne au sujet d’une étude réalisée par le Comité Scientifiques des Nations Unies sur les Effets de la Radiation (UNSCEAR).
Le séisme d’une magnitude 9,0 et le tsunami qui a suivi le 11 Mars 2011 ont endommagé la centrale, provoquant une fonte des réacteurs nucléaires qui a contaminé l’eau et la nourriture et a entraîné des évacuations massives de populations.
Près de 16 000 personnes ont été tuées par le séisme et le tsunami, et près de 3300 restent portés disparues.
Les zones ayant reçu les doses les plus élevées de radiation sont la ville de Namie dans le comté de Futaba, et le village d’Iitate dans le comté de Soma, au nord-ouest de la centrale de Fukushima.
Les nouveaux-nés de Namie pourraient avoir reçu des doses de radiation de 100 à 200 mSv au niveau de leur thyroïde. La thyroïde est l’organe le plus exposé à l’irradiation dans la mesure où c’est là où se concentre l’iode radioactive et les enfants sont jugés particulièrement vulnérables.
« A cause des doses élevées estimées, c’est une zone que nous devrions étudier étroitement », a déclaré le porte-parole de l’OMS, Gregory Hartl. « En-dessous de 100 mSv, les études n’ont pas été conclusives ».
Les populations exposées à l’irradiation ont souvent un plus grand risque de contracter un cancer après avoir reçu des doses supérieures à 100 mSv, d’après l’agence des Nations Unies. Le seuil pour le syndrome d’irradiation élevée est de 1 Sv (soit 1000 mSv).
Le gouvernement local a déclaré en décembre que les taux d’exposition les plus élevés avaient été enregistrés à Iitate, où les habitants ont été autorisé à prendre leur temps avant d’évacuer. Le village est situé à 40 kilomètres au nord-ouest de la centrale et en dehors de la zone d’évacuation de 20 kilomètres.
La dose annuelle moyenne d’irradiation naturelle est d’environ 2,4 mSv au niveau mondial, avec une fourchette habituelle de 1 à 10 mSv selon les régions, d’après le rapport.
Dans le reste de la préfecture de Fukushima, la dose effective serait entre 1 et 10 mSv, tandis que la dose effective dans le reste du Japon a été estimée entre 0,1 et 1 mSv.
Dans le reste du monde, les doses étaient inférieures à 0,01 mSv, y compris en Indonésie, aux Philippines, en Corée du Sud, en Russie et dans le sud-est de l’Asie.
Une dose de 0,01 mSv est équivalente à un dixième de l’irradiation reçue lors d’un vol avec une escale entre New York et Tokyo, la moitié de la dose reçue lors d’une radiographie, et équivalente à la dose reçue lors d’une visite d’une heure des pyramides d’Egypte.
Le rapport n’a pas étudié l’exposition des équipes de secours envoyées sur le site après la catastrophe ou des individus vivant le plus près du site.
« Les doses n’ont pas été estimées pour la zone se situant dans un rayon de 20 kilomètres de Fukushima parce que la plupart des individus de cette zone ont été évacués rapidement et une estimation précise de la dose effective pour ces individus nécessiterait des données plus précises que celles dont nous disposons », indique le rapport.