La température du globe atteint des niveaux hors norme

depuis le début de l’année, les niveaux dépassent nettement tous les précédents (de 1979 à 2022). - © Clarisse Albertini / Reporterre
depuis le début de l’année, les niveaux dépassent nettement tous les précédents (de 1979 à 2022). - © Clarisse Albertini / Reporterre
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Climat SciencesSelon un groupe universitaire étasunien, la courbe de la température de la planète dépasse largement la moyenne des quarante dernières années. Un résultat cohérent avec les données de l’observatoire européen Copernicus.
Le phénomène est impressionnant : non seulement juin 2023 a été le mois de juin le plus chaud enregistré, mais juillet prend le même chemin puisque, ces derniers jours, l’écart avec la température moyenne [1] de l’atmosphère (15 °C environ depuis quarante ans) a dépassé les 2 °C. En effet, les 17 °C sont franchis depuis le 3 juillet, avec un record à 17,23 °C le 6 juillet.
L’évolution de cette moyenne depuis le début 2023 a été calculée par Climate Reanalyzer. Ce site web a été créé début 2012 par un climatologue professeur à l’université du Maine, Sean Birkel, et il reste adossé à cette université. C’est en réalité une plateforme de visualisation des prévisions climatiques et météorologiques. Autrement dit, il met en scène sous forme d’infographies des données disponibles publiquement.

La courbe de l’Université du Maine indique les instantanés de température moyenne de l’atmosphère heure par heure à deux mètres d’altitude, au-dessus des terres et des mers. Redessinée par Reporterre, on y voit clairement (ligne rouge) que, depuis le début de l’année, les niveaux dépassent nettement tous les précédents – le halo vert qui regroupe les enregistrements des années 1979 à 2022.
Climate Reanalyzer précise que ce graphe n’est pas un enregistrement officiel des records. Ses chiffres sont produits par des programmes de réanalyse, qui passent à la moulinette informatique une série de mesures des températures effectuées (localement, par radiosondes, et par satellites) par l’Agence étasunienne d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
Cette agence, l’un des grands acteurs de la recherche sur l’environnement aux États-Unis, a précisé qu’elle produira plus tard son propre rapport sur les températures de juillet, fondé sur une quantité de relevés sur le terrain plus importante.
Néanmoins, le travail de Climate Reanalyzer, est solide et cohérent avec l’analyse de Copernicus, l’observatoire européen du changement climatique. D’après les résultats préliminaires d’ERA5 (l’outil d’analyse des données multiples mis au point par Copernicus), la température moyenne de l’atmosphère le 6 juillet dernier a atteint 17,03 °C, soit une valeur très proche de celle fournie par le site étasunien.
Le mois de juillet le plus chaud depuis des « centaines, voire des milliers d’années »
Le mois de juillet 2023 sera probablement le plus chaud depuis plusieurs « centaines, voire des milliers d’années » à travers le monde, a confirmé jeudi 21 juillet Gavin Schmidt, le climatologue en chef de la Nasa, rapporte l’AFP.
Si les deux estimations de Climate Reanalyzer et de Copernic diffèrent légèrement l’une de l’autre, les tendances à la hausse des températures sont sans équivoque et seront probablement reflétées dans les rapports mensuels à venir d’agences américaines, aux données davantage consolidées, a déclaré Gavin Schmidt lors d’un échange avec des journalistes. « Nous observons des changements sans précédent à travers le monde, a-t-il précisé. Les vagues de chaleur aux États-Unis, en Europe, et en Chine explosent des records », et ne peuvent pas être attribuées uniquement au phénomène El Niño, « qui vient seulement d’arriver ». Et le climatologue de la Nasa de poursuivre : « Nous prévoyons que 2024 sera une année encore plus chaude que 2023, car nous la commencerons avec le phénomène El Niño qui s’accumule en ce moment, et qui atteindra un sommet vers la fin de cette année ».