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Quotidien

La vente de piscines hors-sol interdite pour la première fois

La vente de piscines hors-sol va être interdite dans les Pyrénées-Orientales, durement affectées par la sécheresse. Une mesure inédite aux fondements juridiques incertains.

Dans les supermarchés, les jardineries, les magasins de bricolage, elles prennent de plus en plus de place au printemps. Les piscines hors-sol sont devenues un équipement prisé et accessible à presque tous les budgets. Mais dans les Pyrénées-Orientales, il ne sera bientôt plus possible d’en acheter. Cette mesure choc a été annoncée par Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, au micro de RTL le 5 mai. Selon lui, elle doit permettre « d’éviter d’avoir des gens qui achètent des piscines et qui ensuite auraient la tentation de les remplir alors même qu’on interdit ce remplissage ».

Face à la sécheresse hors norme qui sévit dans la région depuis juin 2022, la préfecture a déjà pris diverses mesures de restrictions d’eau. Il est ainsi interdit de remplir sa piscine depuis le passage du département en « alerte renforcée » fin février.

Le préfet du département, Rodrigue Furcy, a décidé d’aller plus loin. À partir du 10 mai, deux secteurs — les bassins de la Têt et de l’Agly — vont être placés en situation de « crise », le plus haut niveau d’alerte du plan sécheresse. L’arrêté préfectoral devrait être publié le 9 mai ; il n’est « pas encore finalisé » selon la préfecture. Ce texte devrait aussi prévoir de nouvelles restrictions pour l’ensemble du département, dont l’interdiction de vendre des piscines hors-sol.

« L’eau d’une piscine ne doit jamais être changée »

Cette mesure serait une première en France. Lorsque les autorités décident d’interdire la vente d’un produit, c’est parce que celui-ci présente un risque ou un danger pour le consommateur. Dans certaines situations, les préfets interdisent la vente à emporter de boissons alcoolisées pour prévenir les troubles à l’ordre public, par exemple. Ou encore la vente de feux d’artifice au 14 juillet pour éviter tout risque d’incendie ou d’accident. Mais pour les piscines ? Pour l’heure, ni le ministère ni la préfecture n’ont pu nous indiquer sur quels fondements juridiques serait élaboré le texte.

La Fédération des professionnels de la piscine (FPP) attend de connaître le détail du texte pour réagir. Joëlle Pulinx, sa déléguée générale, rappelle que les professionnels collaborent sur de nombreux sujets avec les pouvoirs publics, « notamment sur la gestion de l’eau en cette période de sécheresse ». « Les fabricants et vendeurs de piscines ne veulent pas devenir des boucs émissaires, insiste-t-elle. Sur l’ensemble du territoire, les piscines ne représentent que 0,15 % de la consommation d’eau. » Elle assure qu’en 20 ans, l’utilisation de l’eau pour les piscines a diminué de 45 %. Selon elle, l’eau d’une piscine ne doit jamais être changée. « Sinon, c’est qu’elle est mal utilisée. »

Quant à l’évaporation, là aussi, la déléguée générale estime qu’il existe des solutions pour réduire « de 40 à 90 % » ce phénomène, même sur des piscines hors-sol : couverture à bulles, volet automatique, couverture automatique solaire… « Mais le consommateur doit aussi être sensibilisé, et remettre la couverture après la baignade. » La FPP prévoit une campagne d’information auprès du grand public pour que les détenteurs de piscines adoptent les bons gestes.

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