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Pour défendre les mégabassines, le préfet de la Vienne nie la science

Des militants ont investi une mégabassine (ici à Mauzé-sur-le-mignon, dans les Deux-Sèvres) en 2021.

Sur le bassin du Clain, la rivière qui traverse, entre autres, Poitiers, pas moins d’une trentaine de mégabassines sont en projet. Elles avaient été actées en novembre 2022 lors de la signature du protocole du bassin de Clain par le préfet et les agriculteurs irrigants futurs bénéficiaires. Or, le préfet s’était engagé à cette occasion à prendre en compte, avant tout démarrage de construction de bassine, les conclusions d’une étude à venir sur l’état des réserves en eau, dite étude HMUC (hydrologie, milieux, usages, climat).

Mais les conclusions de l’étude se sont avérées extrêmement critiques sur la faisabilité même de ces mégabassines. Le préfet, Jean-Marie Girier, a donc fait pression pour que celle-ci ne soit finalement pas validée. C’est ce que souligne une enquête de Mediapart, qui s’est notamment procuré un courrier dans lequel le préfet fait pression pour que la commission locale de l’eau du Clain ne valide pas cette étude HMUC. Et elle ne l’a effectivement pas validée lors du vote du 7 juin dernier.

Le préfet Jean-Marie Girier est un proche d’Emmanuel Macron

La commission locale a acté un objectif de réduction de 22 % des prélèvements en eau d’ici 2027, soit bien moins que ce que préconisaient les scientifiques. L’étude HMUC souligne que dans 3 des 11 sous-bassins concernés, la quantité d’eau disponible sera tout simplement insuffisante pour remplir les mégabassines et que les remplissages se feront au détriment des autres usages sur deux autres sous-bassins. L’étude alerte également sur le fait que les prélèvements sont d’ores et déjà aujourd’hui trop importants et devraient être réduits de 40 % d’ici 2050.

Le préfet Jean-Marie Girier est un proche d’Emmanuel Macron, dont il était le directeur de la campagne présidentielle de 2017. Il a fait valoir que l’étude HMUC, si elle était prise en compte, aurait des « impacts socio-économiques majeurs », c’est-à-dire nuirait à l’agriculture irrigante. Vienne Nature, interrogé par Mediapart, dénonce un « déni de réalité » et déplore que les enjeux économiques l’emportent sur les faits et la réalité de la ressource en eau.

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