Durée de lecture : 6 minutes
19 juin 2020 / Gaspard d’Allens (Reporterre)La Convention citoyenne sur le climat a commencé à travailler vendredi 19 juin. Les 150 participants ont adopté nombre de mesures qui ont le potentiel de transformer l’écologie du pays.
Paris, reportage
Dernier round pour la Convention citoyenne pour le climat. Après huit mois de travail, la session finale a commencé vendredi 19 juin et va durer le week-end. Les 150 citoyens et citoyennes composant la Convention, tirés au sort, vont voter l’ensemble de leurs propositions avant de les remettre à la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, dimanche après-midi. Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé à répondre lui-même aux citoyens le 29 juin. Il ne s’est pas dit opposé à l’idée d’un référendum et a rappelé l’importance des travaux de la Convention lors de sa dernière allocution aux Français.
Les propositions de la Convention ont été dévoilées à la presse jeudi 18 juin. Présentées comme « un tout cohérent », elles n’ont pas seulement pour ambition de réduire les émissions de CO2 mais de dessiner « un socle minimum qui permettra de construire un nouveau modèle de société et une transition écologique à la hauteur des enjeux », a estimé sur France inter Mathilde Imer, membre du comité de gouvernance.
Plusieurs mesures sont, en effet, audacieuses. De la renégociation du CETA à la régulation de la publicité, de la réduction du trafic aérien à la mise en place de la semaine de 28 heures, « les 150 citoyens ont fini par pondre un programme 100 % écolo », s’est félicité la juriste Valérie Cabanes.
« Nous ne sommes ni des khmers verts ni à la solde du gouvernement. Nos mesures sont un mélange de bon sens et de technicité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », défendait Sylvain un citoyen tiré au sort. Plusieurs membres de la Convention ont pris leur rôle très à cœur. « Je ne suis pas là pour plaire mais pour sauver la planète, si je passe pour un fou furieux, je m’en fiche », lâchait un participant au cours du débat sur la publicité. « On n’est pas des barbares, toutes nos mesures ont été construites dans un esprit de justice sociale », se justifiait une autre.
Au cours de la plénière d’ouverture, Thierry Pech, le coprésident de la Convention a qualifié le « moment d’historique ». « Vous êtes la preuve que les citoyens sont capables de prendre leur destin en main et de s’emparer d’un sujet aussi complexe que le climat.Vous avez démontré votre sérieux. Il faudra qu’on vous réponde sérieusement », a-t-il prévenu.
Moment people, l’actrice Marion Cottilard était l’invitée surprise de la matinée. A la tribune, elle a rappelé la genèse de la Convention, en janvier 2019. En pleine révolte des Gilets jaunes, elle s’était rendue avec Cyril Dion à l’Élysée pour rencontrer Emmanuel Macron et lui soumettre l’idée. « Nous n’étions pas très optimistes, habitués aux promesses présidentielles… Mais c’est très émouvant de voir comment ça a pris vie », a-t-elle dit.
Vendredi après-midi, les 150 citoyens ont commencé à voter sur plusieurs thèmes : « se déplacer », « consommer » et « se loger ». Les propositions ont toutes été adoptées, parfois à la quasi unanimité. Il faut dire que l’emploi du temps serré et les contraintes liées à la crise sanitaire laissait peu de place au débat. Quelques points de crispation se sont fait sentir sur :
Parmi les mesures choisies par la Convention, on retiendra dans le groupe « se déplacer » :
Dans le groupe « se consommer », les propositions les plus emblématiques ont pour ambition :
Dans le groupe « se loger », les actions se regroupent autour de trois objectifs :
Samedi, les citoyens continueront leur vote en examinant les propositions des groupes « Produire et Travailler » et « se nourrir ». Les débats seront retransmis en direct sur le site de la Convention citoyenne pour le climat.
Source : Gaspard d’Allens pour Reporterre
Photo : Présentation du groupe « se déplacer » vendredi après-midi (Ulyss.