Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Alimentation

Les steaks végétaux devront changer de nom

Spécialité à base de pois et de blé.

Les produits végétaux ne pourront plus utiliser les dénominations traditionnelles du secteur de la viande. Présentée comme une mesure de transparence, l’interdiction répond surtout aux demandes du lobby de la viande.

Les professionnels de la viande l’attendaient avec impatience. Ça y est. Ils ont gagné l’exclusivité de termes comme « steak », « lardons » ou « saucisse ». Pour les fabricants d’alternatives végétales à la viande, la nouvelle réglementation laisse augurer des complications pour faire le design et vendre leurs produits. À partir du 1er octobre, seront interdites toutes les dénominations relevant de « la terminologie spécifique de la boucherie, de la charcuterie » ou encore celles des denrées « d’origine animale représentative des usages commerciaux ». Finis les steaks, nuggets, aiguillettes... à base de soja ou de protéines de pois.

La décision de leur interdire l’emploi des termes de l’univers de la viande remonte à juin 2020, dans le cadre de la loi sur la transparence de l’information sur les produits alimentaires. Mais le décret nécessaire à son application vient seulement d’être publié. Le lobby de la viande dénonçait régulièrement ce qu’il estime être un risque de tromperie des consommateurs. Loin d’être dissimulée, la nature végétale de ces produits est pourtant clairement mise en avant sur les emballages. C’est même un argument commercial majeur alors que la réduction de la consommation de viande au profit d’autres sources de protéines est désormais une nécessité bien comprise [1]. Le Réseau Action Climat recommande ainsi la diminution de 50 % de la production et de la consommation de produits animaux d’ici 2050.

« Ce décret s’inscrit dans une logique de protection étendue des intérêts économiques de la filière viande », dénonce l’Observatoire national de l’alimentation végétale (Onav), une association réunissant des scientifiques et des professionnels de santé. Il regrette l’abandon de termes « entrés dans les mœurs » et qui « contribuent à rendre les produits végétaux attractifs ». Le projet de décret français a également suscité la réprobation de la Commission européenne. Dans un document transmis début janvier au gouvernement français, Bruxelles s’inquiétait que l’interdiction de ces termes puisse « rendre plus difficile la commercialisation des denrées alimentaires à base de protéines végétales ».

La France est la seule à avoir fait ce choix en Europe

Il faut dire que la position française est isolée en Europe. Quelques mois après le vote de la loi française, le Parlement européen avait examiné la question. Il avait repoussé les propositions d’interdiction des expressions du type « steak végétal ».

En France, certains fabricants ont anticipé la nouvelle donne en remplaçant par exemple un « steak de soja » par une « galette de soja », à recette inchangée. Quelques produits de grandes marques devront se rebaptiser, notamment chez Le Gaulois végétal, chez Findus (gamme Green cuisine) et chez Soy, marque distribuée en magasins bio.

Lire aussi : Aliments végétariens dans les supermarchés : la grande arnaque

Les jeunes entreprises du secteur sont aussi particulièrement concernées comme La Vie avec ses « lardons » végétaux et Happyvore (ex-Les Nouveaux fermiers), qui propose des steaks, aiguillettes, merguez, chipos, tous 100% végétaux.

Paradoxe de cette interdiction franco-française : ces produits pourront conserver leurs noms et être vendus dans l’Hexagone… à condition d’être fabriqués ailleurs ! Cette exception pour les produits importés d’un autre pays européen a dû être intégrée au décret, au nom de la libre circulation des produits.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois d’octobre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende