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En brefClimat

Médias et politiques se fichent du rapport du Giec

Une partie du désert australien, contenant le lac Eyre, vu de l'espace.

Le silence. Voici quatre jours que le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a été publié, et, malgré ses conclusions alarmantes, il n’a suscité que très peu de réactions.

Médiatiques, tout d’abord. Si certains titres de presse écrite (Le Monde, Libération, Médiapart…), ont consacré au rapport de longs articles de décryptage, le jour de sa sortie, le 28 février, les journaux télévisés n’ont pas montré le même intérêt. La publication du document n’a tout simplement pas été évoquée sur TF1 et M6. Sur France 2 et France 3, les journalistes se sont contentés de le mentionner rapidement.

« Bilan pour cette journée de publication du rapport du Giec dans les JT : 0 auteur du rapport invité en plateau ou en visio, 0 journaliste environnement en plateau, 0 interview d’auteurs du rapport ou d’autre scientifique dans un reportage », a déploré dans un tweet Véronique Etienne, membre du collectif « Plus de climat dans les médias ». Une bien maigre couverture pour un rapport qui affirme que les conséquences du changement climatique se sont amplifiées, et qu’elles vont s’accélérer quoi qu’il arrive.

Un choix éditorial

Certes, l’actualité de la guerre en Ukraine occupe (à juste titre) une grande place dans les médias. Mais les JT n’ayant même pas mentionné le rapport du Giec ont pourtant trouvé le temps de diffuser un reportage sur le carnaval de Venise, ou le succès des poêles à granulés. Le problème vient donc d’un manque d’envie ou de formation sur la question climatique, plutôt que d’une absence de place dans les journaux. Par exemple, Reporterre avait choisi de publier lundi 28 février quatre articles autour du rapport du Giec, tout en publiant d’autres articles relatifs à la guerre en Ukraine. L’information présentée au public découle toujours d’un choix rédactionnel.

Ce silence des médias de masse est d’autant plus critiquable que certains militants climat voient un lien évident à faire entre la situation actuelle en Ukraine, et le changement climatique. «  [La guerre en Ukraine] devrait aussi jeter un autre éclairage sur les dernières conclusions du Giec, sorties ce lundi et passées quasiment inaperçues. En esquissant les contours d’un monde à + 3 °C, elles n’impliquent rien de moins que la perspective de la guerre en France », a écrit l’activiste Théo Rougier, dans un blog Mediapart.

En août 2021, la publication du premier volet du rapport avait déjà été éclipsée par l’arrivée du footballeur Lionel Messi au club du Paris-Saint-Germain.

Les réactions politiques n’ont pas été plus nombreuses cette semaine : seuls quelques candidats à l’élection présidentielle se sont exprimé sur le sujet. « La guerre au pire moment, quand il faudrait s’unir face au chaos climatique. Énième alerte du GIEC : il faut bifurquer d’urgence », a réagi Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) dans un tweet. « Nous devons agir, dès maintenant », a affirmé le candidat écologiste Yannick Jadot. Même son de cloche pour Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) : « Plus que jamais, justice sociale et justice climatique sont indissociables », a-t-il rappelé dans un communiqué. « Le rapport du Giec est alarmant, a déclaré Anne Hidalgo (Parti socialiste) sur Twitter. Les conséquences directes sur nos vies sont et seront dramatiques. Sortons de l’inaction climatique et agissons urgemment pour protéger notre biodiversité. »

Aucun commentaire, en revanche, des candidats de droite à l’élection présidentielle, ni du président de la République Emmanuel Macron, qui a pourtant eu le temps de saluer une information à ses yeux plus considérable que le changement climatique : le décès de l’animateur Jean-Pierre Pernaut.

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