Météo extrême au Québec : électricité coupée et arbres ravagés

À Montréal, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, le 6 avril 2023. - © Alexis Gacon / Reporterre
À Montréal, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, le 6 avril 2023. - © Alexis Gacon / Reporterre
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Monde ClimatPlus d’un million de Québecois se sont retrouvés sans électricité après la pire tempête de pluie verglaçante depuis 1998. La couche de verglas accumulée à Montréal a dépassé les 30 millimètres.
Montréal (Canada), correspondance
Au début de la tempête, mercredi 5 avril, le décor montréalais était presque enchanteur. Chaque arbuste, recouvert d’une couche de glace, semblait sorti tout droit d’un film de Noël.
Mais les heures qui ont suivi l’ont fait basculer dans l’épouvante. De grands craquements résonnaient dans la soirée : les arbres se brisaient comme des allumettes, sous le poids de la glace, et s’écroulaient dans les rues étroites du Plateau-Mont-Royal. Un homme, au Québec, et un autre, en Ontario, sont morts à cause de la chute de branches d’arbres.

À Montréal, Félix dit l’avoir échappé belle. « Je rentrais et il y en a une énorme qui est tombée à six pieds [moins de deux m] de moi. J’ai eu la peur de ma vie ! Mon voisin, lui, s’est fait casser son windshield [pare-brise] par un arbre. »
D’autres immenses branches et de grands arbres reposent, éparpillés, dans le parc La Fontaine, où ils ne feront plus d’ombre cette année. Denise, 73 ans, bonnet de l’équipe des Canadiens de Montréal sur la tête, est allée constater les dégâts. « Je traverse le parc presque tous les matins. Il y en a qui sont fendus, d’autres déracinés, ça ressemble à un cimetière. J’ai l’impression d’avoir perdu des connaissances. C’est très étrange. » Sandrine s’en désole. « Franchement, si j’aime Montréal, c’est surtout pour ses parcs. Le parc Laf détruit, ça me déprime. »

La peine de Sandrine s’ajoute à l’inquiétude qu’elle voit poindre pour les jours à venir. Car elle sait qu’elle pourrait continuer d’avoir à vivre à la lueur de sa lampe de poche. « Depuis 16 h hier, on n’a plus d’électricité. Je stresse un peu, franchement ! Déjà, de perdre la nourriture, de devoir jeter. On se débrouille, mais bon… Mon père m’a dit qu’on va passer le week-end dans le noir. Et je sais pas trop où aller, sinon… »
L’entreprise d’électricité Hydro-Québec prévoit que d’ici samedi matin, les trois quarts des clients dans le noir auront retrouvé la lumière, mais prévient que certains n’auront de l’électricité qu’au cours de la semaine prochaine. Vendredi 7 avril en milieu de journée, plus de 600 000 personnes étaient toujours sans courant.

Pour que le million de sinistrés ne souffrent pas trop du froid, qui n’a pas encore dit son dernier mot ce mois-ci, des dizaines de municipalités ont ouvert des refuges pour les accueillir. Et sur le groupe Facebook Parents du plateau Mont-Royal, ou celui des PVTistes — titulaire d’un permis vacances-travail au Canada — on poste des messages pour proposer de venir chez l’un ou chez l’autre, pour une douche, un thé, ou un peu d’électricité, histoire de recharger le téléphone. D’autres préfèrent s’agglutiner dans les cafés, pour quêter un peu de wifi, ou s’en vont gagner quelques degrés au centre commercial.
Des événements nourris par le changement climatique
À chaque tempête de pluie verglaçante, la question est posée au premier ministre du Québec, François Legault : pourquoi ne pas miser sur l’enfouissement des lignes électriques ? Trop cher, pour lui : « Enfouir tous les fils d’Hydro-Québec, on parle d’environ 100 milliards [de dollars canadiens, soit 68 milliards d’euros]. Peut-être que ça se fait dans certains endroits, mais il faut être réaliste », a-t-il lancé en conférence de presse, jeudi.
L’entreprise québécoise d’électricité a déposé un plan pour s’adapter aux changements climatiques, comme un élargissement de la taille des poteaux électriques, au vu de la violence des épisodes qui frappent la province. Arrivé à Montréal, le Premier ministre, Justin Trudeau, a d’ailleurs rappelé que les événements météorologiques extrêmes étaient de plus en plus fréquents : « On ne peut évidemment pas attacher un événement spécifique aux changements climatiques, mais on sait que l’ensemble est lié. »