Notre-Dame-des-Landes est le creuset d’un nouveau cycle de luttes
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Luttes Notre-Dame-des-Landes- Billet de Florence
Nous sommes actuellement à Firenze 10+10, (Françoise Verchère -élue du Conseil général de Loire-Atlantique et co-présidente du CeDpa -, Chantal et moi), au forum européen où, pendant 2 jours, en parallèle à d’autres thématiques, un large ensemble d’ateliers, séminaires, est consacré aux GPII (grands projets inutiles imposés).
Dans la première séquence, jeudi après midi 8 novembre, outre les organisations participantes, plus d’une douzaine d’organisations se sont concentrées sur les raisons de refuser leur ’grand projet’ (mettant d’ailleurs en évidence les caractéristiques communes sur lesquelles nous avons déjà longuement travaillé, depuis le premier forum européen de Venaus en 2011, et celui de Notre-Dame-des-Landes cet été).
Je suis intervenue en avant dernière position, la lutte de Notre-Dame-des-Landes a été très applaudie, les gens présents très largement au courant de l’actualité chez nous (consultation des sites, de la presse plus récemment...).
Pour éviter les redites, et élargir le propos politique, j’ai développé trois points :
- La lutte de Notre Dame des Landes présente des caractéristiques spécifiques, mais que nous allons peut-être retrouver dans celles qui vont se développer dans la période :
. l’importance de l’implication citoyenne : si la coordination des opposants rassemble 45 organisations (citoyennes, environnementales, syndicats -confédération paysanne, solidaires, etc. -, partis politiques - EELV, Modem, PG...-), si des groupes de différentes sensibilités participent à l’occupation de la ZAD, beaucoup de simples citoyens, se revendiquant tels, participent à la lutte : se construisant leur propre expertise, ils s’emparent des problèmes d’aménagement du territoire, de politique des transports, deviennent citoyens vigilants, diffuseurs de documents, animateurs de stands dans les évènements locaux ou les soirées d’information, alimentent en matelas, couvertures, habits, fromage ou légumes les zadistes expulsés de leur lieu de vie...
. la variété et la pertinence des formes de lutte et de soutien, tant il est vrai que le contrôle ’militaire’ d’un territoire est difficile à réaliser, et plus encore à maintenir. Un petit exemple parmi beaucoup d’autres, des gravats amiantés, difficilement évacués le soir avant destruction d’une maison le lendemain, retrouvent dans la nuit (eux ou leurs frères) leur emplacement d’origine, et il faut recommencer au matin le désamiantage préalable à la destruction...
Il est de mon point de vue probable que la lutte de Notre Dame des Landes, et plus généralement celles contre les GPII inaugurent un nouveau cycle de luttes qui, pour les pays du Nord, vont porter l’essentiel du refus de l’accaparement et de l’artificialisation des terres, mais aussi les luttes pour la défense des terres nourricières, des zones humides et de la biodiversité, et contre le réchauffement climatique. Elles vont faire le lien entre les crises économique, financière, sociale, écologique, et climatique. Et trouver, dans la similitude des délires des porteurs de ces projets, dans la fuite en avant de ces derniers, les moyens de construire la convergence de leurs luttes.
Enfin ces luttes ’contre’ savent inventer des alternatives dans l’élaboration de leurs formes d’action, dans les modes de vie qui non seulement préfigurent, mais construisent ici et maintenant d’autres mondes possibles.
Ces luttes peuvent et doivent être gagnantes. Dans l’immédiat, pour nous à Notre-Dame-des-Landes, la date du 17 novembre, manifestation de la reconstruction, doit être un succès pour lequel nous avons besoin de tous.