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EntretienNature

Nuit des étoiles : « Observer le ciel stimule l’imaginaire »

Les Perséides sont un essaim de météores visibles chaque année durant l'été de l'hémisphère nord.

Les nuits des étoiles auront lieu ce weekend en France. L’occasion de contempler la voûte céleste à sa période la plus animée, avec les conseils de Nicolas Franco, médiateur à la Cité des Sciences de Paris.

Chaque année, le ciel d’été s’illumine aux environs du 10 au 13 août. Une pluie d’étoiles filantes déferle juste au-dessus de nos têtes. Pour inviter les Français à les observer, un événement national existe depuis les années 80, les Nuits des étoiles.

Organisées par l’Association française d’astronomie, elles proposent des séances d’observation du ciel gratuites partout en France. Nicolas Franco, médiateur de la Cité des Sciences de Paris et de son planétarium, en animera une ce vendredi 11 août.




Reporterre — Qu’observe-t-on pendant ces Nuits des étoiles ? Comment se préparer à ces séances d’observation du ciel ?

Nicolas Franco — Les Nuits des étoiles regroupent amateurs et passionnés d’astronomie autour de l’observation de la pluie d’étoiles filantes des Perséides, aux alentours des 10 au 12 août. On les appelle ainsi car elles semblent provenir de la constellation de Persée.

À cette période de l’année, la Terre traverse un nuage de poussière dans son trajet autour du soleil. C’est de ce mouvement que naissent les étoiles filantes : la poussière est broyée par l’atmosphère sous l’effet de la vitesse et de la chaleur, et cela crée des traînées lumineuses.

Pas de lumière et être bien couvert

Pour les observer le mieux possible, il faut trouver un endroit à l’abri d’un excès d’éclairage artificiel, pour limiter la pollution lumineuse. Je conseille d’éviter d’utiliser son téléphone. Avec cette source de lumière, nos yeux peuvent mettre vingt minutes à s’habituer à l’obscurité.

Il est important de prévoir un moment confortable : quelques amis, un petit apéro, une playlist, un transat… Une observation du ciel réussie est longue, et pour cela il faut aussi être bien couvert.

Si possible, on peut se munir d’une petite lampe rouge, moins sensible pour la vue que la lumière blanche, et apporter une carte du ciel à consulter pour reconnaître ce qu’on observe. Pas forcément besoin de télescope ou d’une lunette, une simple paire de jumelles peut faire apparaître des étoiles qu’on ne voit pas à l’œil nu.

Enfin, lorsqu’on est bien installé, cela ne sert à rien de balayer le ciel du regard. Le mieux est de scruter une seule zone. Statistiquement, on a autant de chance d’apercevoir des étoiles filantes. Et ensuite, il ne reste plus qu’à préparer ses vœux !

La pollution lumineuse nuit à l’observation du ciel, mais admirer les étoiles reste possible dans les villes. CC BY 2.0 / Daniel Ramirez from Honolulu, USA / Wikimedia Commons



De nombreuses séances d’observation sont au programme dans les grandes métropoles. Mais peut-on apercevoir les étoiles en ville, malgré la pollution lumineuse ?

Il est vrai que la pollution lumineuse nuit à l’observation du ciel : sur les 3 000 étoiles visibles à l’œil nu, seules quelques-unes subsistent à nos yeux. Mais même si on ne fait pas de l’astronomie de la même manière en ville, on peut observer la Lune, quelques planètes, des étoiles…

C’est important de faire de l’astronomie pour des citadins, car cela les reconnecte à un ciel qu’ils ne peuvent plus observer la plupart du temps. Ils sont toujours étonnés de pouvoir observer le ciel en ville. Ils ont oublié qu’ils pouvaient faire de l’astronomie, mais c’est important qu’on puisse justement leur rappeler.

Lorsqu’on observe les cratères de la Lune avec des jumelles, cela rapproche d’un objet qui nous accompagne au quotidien et qu’on n’a jamais eu l’habitude de regarder, et provoque l’émerveillement.



Pourquoi est-il important d’observer régulièrement le ciel étoilé ?

L’observation des étoiles, tout comme celle des plantes et des animaux, est un outil de reconnexion à la nature, d’émerveillement. L’astronomie ne se limite pas qu’aux considérations scientifiques ou techniques des objets qu’on observe. C’est un support d’imaginaire et de production hallucinante d’histoires.

En tant que médiateur, l’astronomie me permet de partager ma passion. À partir des étoiles, je peux raconter l’Histoire, les sciences, la géographie…

Par exemple, les mythologies à l’origine du nom des constellations sont grecques, mais les noms des étoiles sont arabes. C’est une sorte de projection multiculturelle gratuite qu’il faut absolument valoriser et préserver.

« Observer le ciel permet de stimuler l’imaginaire, de voyager dans le passé. » Samuele Giglio / Unsplash

Observer le ciel permet de stimuler l’imaginaire, de voyager dans le passé. D’ailleurs les étoiles qu’on observe sont tellement lointaines que la lumière que l’on reçoit a été émise il y a plusieurs centaines ou milliers d’années.

C’est une activité gratuite, accessible, qui peut se pratiquer sans rien d’autres que les yeux, en famille ou avec des amis. Et si l’on est seul, cela nous apprend aussi à faire une pause loin du bruit, du stress, à rester immobile, pour arriver à rêver sur un fond de ciel étoilé.

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