Personne n’en parle, mais les nanotechnologies envahissent le monde

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C’est un des phénomènes les plus secrets de l’époque : les nanotechnologies sont en train d’envahir le quotidien. Reporterre a mené l’enquête sur cette invasion que cachent les gouvernements et l’industrie.
Textiles, jouets, biberons, plats préparés, chewing-gums, cosmétiques, crèmes solaires, emballages, peintures… Cette liste est loin d’être complète, mais tous ces produits manufacturés ont un point commun : ils contiennent des nanoparticules, comme la majorité de tout ce que nous consommons aujourd’hui.
Au nom de la compétitivité et de l’innovation, les industriels, soutenus par les Etats, fabriquent et commercialisent chaque année de nouveaux nanomatériaux, en toute opacité. Depuis les années 70, ils élaborent ces particules d’un milliardième de mètre aux multiples propriétés : Certaines rendent les textiles auto-nettoyants, d’autres les cadres de vélo plus résistants, ou encore aseptisent, polissent, ravivent les couleurs, conservent, etc. Tout communicant y trouverait son bonheur.
Or, à l’exception de quelques rares matelas ou textiles (« Bultex Nano »), les nanos n’ont pas encore envahi les écrans publicitaires et les risques sanitaires et environnementaux ne sont jamais évoqués. De nombreux scientifiques alertent pourtant depuis des années sur la toxicité de ces produits chimiques si minuscules qu’ils pénètrent organes et cellules. « Certaines de ces nanoparticules sont aussi, voire plus, dangereuses que les fibres d’amiante », prévient le Professeur Dominique Lison depuis les années 2000.
Malgré de multiples mises en garde, aucune réglementation européenne, ni contrôle n’encadre cette production à l’échelle européenne. En France, seul un inventaire « R-Nano » doit recenser les matériaux bruts produits, distribués ou importés sur le territoire. Mais faute de contrôle et de rigueur dans les textes, de nombreux produits ne sont pas déclarés. En première ligne : les travailleurs qui manipulent ces nanomatériaux parfois sans le savoir.
En maitrisant aujourd’hui la manipulation de la matière à l’échelle atomique, l’homme est en mesure de contrôler l’ensemble de la matière. « Ces firmes réinventent les atomes naturels et même les noyaux atomiques. Elles prennent la place de Dieu, avec, à la clé, une simple course aux brevets et à l’argent ! », analyse Roger Lenglet, auteur de Nanotoxiques (Actes Sud, 2014). Améliorer le vivant, prolonger la vie ou contrôler quiconque à distance : telles sont les ambitions des précurseurs et fervents promoteurs des nanotechnologies aux Etats-Unis.
En Europe, des citoyens éclairés, des politiques et quelques associations s’emparent du sujet. Parallèlement, pour développer ce marché sur le vieux-continent, les investissements des Etats et de l’Europe ne cessent de croître : le Nano-campus international de Grenoble pousse comme une ville champignon depuis 10 ans. De son côté, l’Allemagne suit les recommandations de la Commission européenne pour ne pas reproduire le scandale des OGM. Résultat : pour les citoyens outre-Rhin, « nanotechnologies » riment avec « progrès ».
Par quel tour de force, l’ensemble des secteurs industriels ont-ils imposé une révolution aussi opaque et silencieuse ? Trois journalistes de Reporterre ont enquêté pendant trois mois sur cette course à l’innovation en Europe. Voici rassemblés les différents volets de leur investigation.
1. Le monde des nanomatériaux s’élabore en cachette »

2. Des nanoparticules s’imposent en secret dans les aliments

3. Les travailleurs sont les premiers exposés

4. Le but ultime des nanotechnologies : transformer l’être humain

5. Comment s’est élaborée « l’acceptabilité sociale » des nanotechnologies

6. En Allemagne, le débat sur les nanoparticules a été tué dans l’œuf
