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En brefClimat

Pour décarboner l’industrie, Macron mise sur des technologies controversées

Emmanuel Macron, le 8 novembre 2022.

À eux seuls, ils représentent 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. Et la moitié des émissions industrielles. Pour présenter son plan de décarbonation de l’industrie, le président de la République a convié le 8 novembre les responsables des 50 sites industriels français les plus émetteurs de gaz à effet de serre. L’objectif : prendre des engagements et planifier l’action, a expliqué le chef de l’État dans une longue allocution.

Devant les poids lourds de la métallurgie, de la chimie, de l’industrie du verre ou du ciment, le président a fixé l’objectif de réduire de 10 MteqCO2 (Millions de tonnes équivalents CO2) les émissions du secteur (les 50 sites présents émettant actuellement 43 MteqCO2 chaque année). Sa méthode : une planification à court et moyen terme par filière, par technologie et par territoires.

9 milliards pour l’hydrogène

Concrètement, les filières industrielles sont invitées à présenter leurs feuilles de route pour la décarbonation de leurs activités d’ici six mois. Côté technologies l’hydrogène et la capture et la séquestration du carbone, deux technologies pourtant fortement controversées, sont au cœur de sa planification. Le déploiement de l’hydrogène sera financé à hauteur de 9 milliards d’euros et est censé éviter l’émission de 6,5 MteqCO2 sur les grands sites industriels, a-t-il estimé. Et le même volume pour les mobilités lourdes.

Concernant la capture du carbone, le président a estimé que « la programmation pluriannuelle de l’énergie devait pleinement l’intégrer ». Le gouvernement devra présenter son plan sur ces technologies pourtant loin d’être opérationnelles dans les six mois. Une stratégie sur la biomasse, incluant la gestion forestière, sera également finalisée dans les six mois, a-t-il promis.

« On double la mise »

Enfin, au niveau territorial, le président souhaite à même échéance réaliser une planification par zone industrielle, en se focalisant sur les zones industrialo-portuaires de Dunkerque, de Fos-sur-Mer et de l’axe Seine. L’objectif : électrifier les ports et les raccorder aux réseaux ferroviaires et fluviaux. Pour accompagner l’industrie, une enveloppe de 5 milliards d’euros est prévue. Et si les engagements sont tenus, « on double la mise de part et d’autre », soit 20 MteqCO2 d’économies pour 10 milliards d’euros investis, a-t-il conclu.

En 2021, la France n’a pas respecté ses objectifs en matière d’émissions nettes de gaz à effet de serre. En cause, la dégradation des puits forestiers mais aussi d’une diminution insuffisante des émissions du secteur de l’industrie. Selon l’Observatoire énergie-climat du Réseau Action Climat, en 2021, les émissions du secteur industriel s’élevaient à 77,8 MteqCO2, au lieu des 75 MteqCO2 fixé par la stratégie nationale bas carbone. Soit des émissions supérieures de 5 %. Pourtant, entre 2015 et 2020, ces 50 sites industriels ont déjà reçu 3 milliards d’euros d’allocations gratuites, via le marché européen du carbone, a souligné l’Observatoire des multinationales. En juin dernier, le Haut Conseil pour le climat, tablait sur la suppression de 2,2 millions de tonnes supplémentaires par an d’ici 2030.

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