Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefLibertés

Pour protester contre les violences policières, Cyril Dion refuse l’Ordre du mérite

Suite aux violences policières qu’ont subi les activistes du climat vendredi 28 juin et à celles subies depuis un an par les zadistes, les écologistes, les Gilets jaunes et tant d’autres, Cyril Dion annonce samedi 29 juin, sur sa page Facebook, refuser la distinction de l’Ordre du mérite que lui avait proposé le gouvernement.

Voici le texte dans lequel il explique sa décision :

« Monsieur le président Emmanuel Macron

En novembre dernier, sur proposition de Brune Poirson j’ai été nommé au grade de chevalier dans l’ordre du mérite. Je n’ai à ce jour toujours pas procédé aux démarches administratives pour obtenir cette décoration. Je ne savais pas quoi en faire.

Aujourd’hui je sais : j’y renonce, je la refuse.

Comment accepter d’être décoré par un gouvernement qui fait usage d’une telle violence à l’encontre d’une partie de sa population ?

Hier, des militants pacifiques du mouvement Extinction Rebellion France, des étudiants, des mères de famille occupaient le pont de Sully à Paris, à l’instar de ce que le mouvement Extinction Rebellion a fait à Londres en novembre dernier pour alerter sur l’urgence climatique. Après sommations, alors qu’ils étaient assis, ils ont été gazés à bout portant. Les CRS ont vaporisé leurs bombes, à hauteur d’yeux, comme ils l’auraient fait avec des insectes, des parasites. C’est abject.

Est-il nécessaire de rappeler que ces militants ne restent pas des heures en plein soleil un jour de canicule pour leur plaisir ? Qu’ils nous alertent sur un danger qui engage la survie d’une partie de notre espèce ? Que le permafrost fond soixante-dix ans plus tôt que prévu en Arctique, que nous avons battu hier le record absolu de chaleur dans notre pays avec 45,9°C et que le Haut Conseil pour le Climat que vous avez vous-même missionné a pointé l’insuffisance de la politique française qui devrait doubler ses efforts ?

Méritent-ils d’être gazés comme des moustiques ?

Et ces violences sont la suite d’une déjà trop longue liste.

Qu’il s’agisse de l’opération sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes où a été envoyée une petite armée de 2.500 militaires et policiers, des journalistes et des militants pacifiques qui ont été blessés, éborgnés lors des mobilisation des Gilets jaunes ou des jeunes qu’on a humiliés en les alignant contre les murs, en les mettant à genoux, tout ceci est indigne.

Votre gouvernement a été interpellé par la haut-commissaire de l’ONU vous enjoignant à « enquêter sur un usage excessif de la force », par la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe a vous appelant à « mieux respecter les droits de l’homme », à « ne pas apporter de restrictions excessives à la liberté de réunion pacifique » et à « suspendre l’usage du lanceur de balle de défense », rappelant que « la tâche première des membres des forces de l’ordre consiste à protéger les citoyens et les droits de l’Homme ».

Votre gouvernement a rétorqué qu’il faisait face à des émeutes urbaines, pas des manifestations. Effectivement des violents affrontements ont eu lieu lors de plusieurs actes des Gilets jaunes, pour autant d’autres stratégies de maintient de l’ordre existent dans d’autres pays utilisées avec succès et sans faire de victimes. Mais au vu des événements d’hier, cette défense paraît désormais bien faible. Il est aisé, cette fois, de voir de quel côté se trouve la violence. »

-  Source : Page Facebook de Cyril Dion

-  Photo : Colibris

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende