Près de 100.000 morts à cause des feux de forêt en Indonésie

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Forêts tropicalesChaque année, la forêt indonésienne brûle, victime d’un défrichage sauvage pour faire place nette aux cultures, notamment de palmier à huile. Les feux de l’an dernier ont été particulièrement dévastateurs, leurs fumées toxiques causant la mort de près de 100.000 personnes, selon une étude états-unienne.
Une étude des universités de Harvard et de Columbia vient de montrer que les incendies de 2015 en Indonésie (Sumatra et Kalimantan), qui ont produit des niveaux dangereux de pollution par la fumée dans une grande partie de l’Asie équatoriale, auraient causé 100.300 décès prématurés au niveau régional, cinquante fois plus que l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005, pour un désastre entièrement causé par l’homme. Ces chiffres ridiculisent l’estimation précédente, fournie par les gouvernements et les entreprises de déforestation, qui parlaient d’environ 19 morts.
Les forêts tropicales de l’Indonésie sont défrichées pour faire place à des cultures vivrières et à la monoculture de bois de plantation et de palmier à huile, asséchant la tourbe qui a pris feu en 2015, alors qu’El Niño affligeait l’archipel. Les incendies en résultant ont contribué pour 3 % de la totalité des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour 2015, coûté à l’économie indonésienne environ 16 milliards de dollars, et détruit une partie de l’habitat des orangs-outans.
Des efforts de prévention des incendies
L’étude couvre trois pays : l’Indonésie, la Malaisie et Singapour, qui auraient enregistré, en 2015, 91.600 décès supplémentaires en Indonésie, 6.500 en Malaisie et 2.200 à Singapour. Cette étude pourrait permettre de prouver les dommages causés par la déforestation et la responsabilité des entreprises, en vue de poursuites, au civil et au pénal, par les justices indonésienne, singapourienne et malaisienne.

Erik Meijaard, coordinateur de l’association Borneo Futures Initiative, rapporte dans un article publié fin juin 2016, sur le site Mongabay, qu’il n’a vu qu’un unique petit feu dans le Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo, lors d’un récent passage. Le chef du département des Forêts et de l’Agriculture du district de l’East Kotawaringin lui aurait expliqué que cela est dû aux directives du gouvernement, qui a menacé de destitution immédiate tout officier de police ou responsable municipal qui aurait un incendie dans son périmètre de responsabilité. Depuis janvier, l’Indonésie affirme que plus de 450 personnes ont été arrêtées et que neuf entreprises sont mises en examen, dans le cadre de ses efforts de prévention des incendies de forêt cette année.
Mais un nouveau territoire est touché, la Papouasie. Une enquête menée par plusieurs groupes environnementaux montre que la pratique de défrichage des forêts par des feux pour les plantations de palmiers à huile pourrait s’étendre à la Papouasie, encore en grande partie intacte, avec pour conséquence, une nouvelle aggravation possible de la brume annuelle qui afflige de vastes étendues de l’Asie du Sud-Est.