Sabotages : les militants antibassines en procès

À Sainte-Soline, le 29 octobre 2022, des militants ont manifesté contre les mégabassines, des réservoirs dédiés à l'agroindustrie. - Twitter / @marinetondelier
À Sainte-Soline, le 29 octobre 2022, des militants ont manifesté contre les mégabassines, des réservoirs dédiés à l'agroindustrie. - Twitter / @marinetondelier
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Mégabassines Eau et rivières LibertésAccusés de sabotage, des militants opposés aux mégabassines sont en procès à Niort et La Rochelle, le 5 et le 6 janvier. Ils dénoncent un acharnement juridique et veulent en profiter pour capter de nouveau l’attention médiatique.
Les antibassines sont de nouveau face aux juges : deux procès ont lieu les 5 et 6 janvier contre des militants accusés de sabotage. Jeudi 5 janvier, deux militants accusés d’avoir participé à la dégradation de la bassine de Cram-Chaban (Charente-Maritime) le 6 novembre dernier sont jugés à La Rochelle (Charente-Maritime). L’un des prévenus, Nathanaël B., parle de « désarmement » pour qualifier le découpage et l’incendie des bâches étanchéifiant cette réserve d’eau immense destinée aux agro-industriels. Ce soigneur animalier, également coprésident de l’ONG environnementale Makigo, souligne que la bassine en question a été déclarée illégale par la cour d’appel de Bordeaux — à cause d’étude d’impact défaillante. Il encourt avec l’autre prévenu une peine de cinq ans pour dégradations.
Les Soulèvements de la Terre, l’un des collectifs qui s’opposent aux bassines, invitent leurs soutiens à se rassembler devant le tribunal à 12 h 30 avec des cutters sans lame, l’outil utilisé pour le découpage de la bâche. Ils veulent ainsi rappeler que ce procès ne vise pas seulement deux personnes mais les 3 000 manifestants présents ce jour-là. L’avocat de la défense, Maître Huriet, veut plaider l’état de nécessité, une notion juridique qui consiste à autoriser une action illégale lorsque celle-ci empêche un dommage plus grave. En effet, les mégabassines empêchent les nappes phréatiques de se recharger et aggravent la sécheresse qu’elles sont censées combattre.
Du grain dans le réservoir d’une tractopelle
Le lendemain, vendredi 6 janvier, cinq autres militants, dont plusieurs agriculteurs, seront jugés à Niort (Deux-Sèvres). Deux d’entre eux sont accusés d’avoir saboté une tractopelle en versant du grain à l’intérieur du réservoir lors d’une manifestation sur le chantier de la bassine de Mauzé-sur-le-Mignon en septembre 2021. Les trois autres auraient jeté des projectiles en direction de gendarmes. Ils risquent jusqu’à sept ans d’emprisonnement, selon leur avocat. La Confédération paysanne va organiser un rassemblement en soutien aux prévenus devant le tribunal de Niort à 12 h 30. « Ce n’est pas un combat des écolos versus les agriculteurs. La bataille, c’est contre l’agro-industrie », assurait le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod.
Les opposants à ces mégabassines dénoncent un acharnement judiciaire à leur encontre. Le 28 novembre dernier, cinq militants interpelés lors de la manifestation contre la bassine de Sainte-Soline ont été condamnés à entre deux et trois mois de prison avec sursis. Une cellule d’enquête a constitué deux dossiers à charge contre les prévenus du 5 et 6 janvier cumulant plus de 2 000 pages qui retracent les relations entre militants.
« On aimerait voir cette débauche de moyens sur d’autres types de dossiers »
Selon Maître Huriet, l’avocat des prévenus, « les enquêteurs se sont par exemple rendus sur les lieux d’une réunion publique organisée par le collectif Bassines non merci afin de relever les plaques d’immatriculation de toutes les voitures présentes ». Il ajoute : « On aimerait voir cette débauche de moyens sur d’autres types de dossiers que celui de militants écologistes », comparant ces méthodes de fichage à celles employées par la police contre les zadistes de Notre-Dame-des-Landes.
Les différentes organisations antibassines veulent profiter de ce double procès pour capter à nouveau l’attention médiatique, près de deux mois et demi après la manifestation à Sainte-Soline, qui a pris une ampleur nationale. Une manière, aussi, de réenclencher la dynamique avant la prochaine mobilisation prévue le 25 mars. Si le lieu précis n’a pas encore été dévoilé, ce rendez-vous aura pour mot d’ordre : « Pas une bassine de plus ! »