Substances toxiques : l’Europe capitule face aux lobbies

Plastique polluant. - Pexels/CC0/Krizjohn Rosales
Plastique polluant. - Pexels/CC0/Krizjohn Rosales
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La santé des Européens devra attendre. La réforme du règlement européen Reach sur les substances chimiques, qui devait permettre d’éliminer des milliers de polluants dangereux des produits de grande consommation, a été renvoyée aux calendes grecques par les autorités européennes. Initialement prévue pour la fin de l’année, cette révision vient d’être reportée au quatrième trimestre de 2023, selon les informations du Monde. Les prochaines élections européennes étant programmées en 2024, la réforme n’a désormais « que très peu de chances d’aboutir » sous la législature d’Ursula von der Leyen. Sa mise en œuvre dépendra de la future composition (hautement incertaine) du Parlement européen.
« Avec ce report inacceptable, la Commission enfonce le dernier clou dans le cercueil de la réforme Reach, a déploré auprès du Monde l’eurodéputée belge (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) Maria Arena. Les lobbies de l’industrie chimique ont gagné. » Selon les informations de nos confrères, les géants allemands de la chimie auraient multiplié les interventions auprès de la Commission afin d’obtenir une mise en pause de sa « stratégie pour la durabilité des produits chimiques ».
Bayer, BASF et consorts ont justifié cette demande en évoquant les conséquences de la guerre en Ukraine sur leur industrie. Cet argument a notamment été repris par le groupe du Parti populaire européen (PPE, droite) au Parlement. Selon une analyse des résultats financiers des industriels européens de la chimie effectuée par l’association suédoise ChemSec, publiée début octobre, les profits de ces multinationales seraient pourtant « bien plus importants que prévu ». Les ventes de BASF devraient par exemple atteindre 89 milliards d’euros cette année, soit 12 milliards d’euros de plus que ce qu’ils envisageaient.