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Climat

Tempête Ciarán : une « bombe météorologique » va s’abattre sur la France

Submersions observées à Saint-Malo (Bretagne) lors de la tempête Antoni, le 5 août 2023.

La tempête Ciarán devrait s’abattre dans le nord-ouest de la France d’ici au 1er novembre. Une « bombe météorologique » qui sera néanmoins moins désastreuse que l’épisode de 1999.

Plus de doute. Si jusqu’à présent quelques contradictions planaient, les modèles météorologiques s’accordent désormais sur deux points : la tempête Ciarán frappera les côtes françaises et britanniques dès le 1er novembre au soir, et elle frappera fort.

« De violentes rafales atteignant 150 km/h devraient s’abattre sur la pointe du Finistère, le littoral breton, et éventuellement le Cotentin, détaille François Gourand, prévisionniste à Météo-France. Côté terres, on s’attend à des vents allant jusqu’à 120 km/h sur le quart nord-ouest de l’Hexagone. »

Redoutant des « phénomènes dangereux », l’établissement public appelle les habitants concernés à ne pas sortir et se tenir informés des vigilances météo. Le traumatisme des tempêtes de décembre 1999 reste dans les esprits. Celles-ci avaient provoqué la mort de quatre-vingt-douze personnes dans l’Hexagone, et des rafales à 216 km/h avaient été enregistrées au sommet de la tour Eiffel.

Toutefois, l’Observatoire français des orages et tornades, Keraunos, se veut rassurant : « Les valeurs côtières attendues avec Ciarán pourraient être sévères, mais l’épisode devrait rester (très) loin de 1999 à l’échelle nationale. »

Des submersions marines seront par ailleurs associées à ces bourrasques : « Des vagues de 8 à 10 mètres pourraient être observées sur toute la façade atlantique, de 6 à 8 mètres sur les côtes de la Manche », poursuit François Gourand. Sur X (anciennement Twitter), le climatologue Christophe Cassou décèle une chance dans le malheur. Les coefficients de marée, caractérisant son amplitude, sont faibles et permettront ainsi de limiter la casse : « Sinon, les submersions marines auraient été catastrophiques, se combinant à la hausse chronique du niveau de la mer. »

Autre retombée attendue : le passage d’un fort épisode pluvieux. Si celui-ci ne devrait pas être stationnaire, il risque toutefois de gorger d’eau les sols superficiels… les rendant ainsi plus malléables. Or, « avec la douceur exceptionnelle de l’automne, les arbres ont à peu près dix jours de retard sur leur dormance hivernale, écrit sur X l’agroclimatologue Serge Zaka. Les feuilles restent présentes sur de nombreuses espèces. La prise au vent est donc plus forte ». Ces deux facteurs combinés, d’importantes chutes d’arbres sont à prévoir.

« Bombe météorologique »

Pour mieux comprendre la genèse de cette tempête, il faut parcourir l’océan jusqu’au littoral étasunien. Ici, deux courants marins entrent en contact : le Gulf Stream, venu du golfe du Mexique et avoisinant les 27 °C, et le Labrador, longeant les côtes canadiennes vers le sud, autour des 10 °C. Ce fort écart de température, appelé gradient thermique, alimente le plus célèbre jet-stream, dont les vents d’ouest en est grimpent actuellement à près de 350 km/h, autour de 9 000 mètres d’altitude.

« Dès lors qu’une dépression rencontre ou traverse ce grand courant-jet, elle en tire de l’énergie et peut se transformer en tempête », explique François Gourand. Et c’est ce qu’il s’est produit le 30 octobre, au large de la Pennsylvanie. Un « tourbillon précurseur de surface » est entré en interaction avec le jet-stream, avant d’entamer une traversée express de l’Atlantique en emmagasinant de plus en plus de force.

De nombreux spécialistes parlent en outre d’une potentielle « bombe météorologique ». Ce terme est employé lorsqu’une dépression se développe à toute allure, avec une perte brutale de pression en son centre, de l’ordre de 1 hectopascal par heure. Appelée « creusement », celle-ci entraîne alors un véritable renforcement des vents autour. Or, la tempête Ciarán semble déjà cocher ces cases. D’après Météo-France, au cœur du centre dépressionnaire, la pression devrait chuter de 30 hectopascals en l’espace de 24 heures.

Aussi effrayante puisse-t-elle être, la « bombe météorologique » n’est pas si exceptionnelle. Les scientifiques en observent en moyenne soixante-et-onze chaque année, explique sur X le météorologiste Guillaume Séchet. Parmi les plus marquantes, il cite notamment la tempête Xynthia en 2010 ou la tempête Martin en 1999. Pour ce qui est de Ciarán, le retour à un temps plus clément est attendu a priori pour le 2 novembre, à la mi-journée.

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