TotalÉnergies influence lourdement la recherche scientifique française

55 % des structures de recherche publique ont des « liens étroits » avec TotalÉnergies, a dénoncé Greenpeace France. - © Thibaut Durand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
55 % des structures de recherche publique ont des « liens étroits » avec TotalÉnergies, a dénoncé Greenpeace France. - © Thibaut Durand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Plus de la moitié des structures de recherche publique (55 %) françaises entretiennent « des liens étroits » avec TotalÉnergies, dénonce Greenpeace France dans un rapport publié le 27 janvier. Dans 31 % des cas, leurs relations dépassent même le simple financement : elles se formalisent alors par des collaborations ou des codirections ayant un impact direct sur la gouvernance des unités de recherche.
Dans ce rapport intitulé « Comment TotalÉnergies influence la science ? », Greenpeace France analyse l’influence du géant pétrolier sur le milieu scientifique, que ce soit « dans les grandes écoles, les laboratoires de recherche et les universités ». Au total, 103 structures de recherche publique (soit 65 %) ont été passées au crible. L’ONG épingle par exemple l’université de Pau, dont 41 % des laboratoires sont liés à la major ou Paris Saclay, université en pointe sur les questions climatiques et de science de l’environnement, dont la quasi-totalité des recherches sur le climat et la transition sont financées par TotalÉnergies.
Autre conclusion du rapport : le géant pétrolier consacre la moitié de ses financements de recherche aux énergies fossiles, « voire même à leur expansion ». « Des structures publiques de recherche travaillent encore à temps plein avec TotalÉnergies sur des énergies qu’il faudrait abandonner pour contenir la crise climatique », souligne Greenpeace. L’ONG accuse ainsi la firme « d’utiliser des structures publiques pour conforter son modèle extractiviste », en citant l’exemple du partenariat mené avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et le CNRS pour étudier les conditions de formation des hydrocarbures, pour découvrir de nouveaux gisements pétroliers.
Si plus d’un tiers des financements (36 %) sont dédiés au climat et à la transition, la promotion de la captation du carbone concerne la moitié des fonds débloqués, démontre encore l’ONG. Une solution qui n’a pas fait ses preuves aujourd’hui, l’Agence de la transition écologique (Ademe) ayant elle aussi estimé que cette technologie a un « potentiel limité ». « Les recherches de Greenpeace n’ont trouvé aucun financement de TotalÉnergies à des programmes sur la sobriété énergétique ou les conséquences du dérèglement climatique », dénonce encore Greenpeace.
Dans une enquête diffusée mi-janvier, « Cash investigation » avait déjà dévoilé les liens étroits entre la recherche française et le géant pétrolier. En réponse, TotalÉnergies avait expliqué débourser 1 milliard de dollars pour la R&D. Elle a par ailleurs confirmé travailler avec 1 000 partenaires de recherche, 23 laboratoires communs et chaires, 100 PhD et 18 centres de recherche à travers le monde. Et d’affirmer que les laboratoires « ne vendent pas leur âme au diable en s’associant à TotalÉnergies : nous définissons avec eux des projets de recherche en fonction de leur domaine d’expertise ».