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ReportageLuttes

Une soupe chez BNP Paribas pour mettre l’évasion fiscale sur la table

Une nouvelle action pacifique et joyeuse s’est déroulée dans une agence BNP Paribas de Paris. Le but des « faucheurs de chaise » : mettre le sujet de l’évasion fiscale sur la table, pour que le pays récupère utilement les 60 milliards d’euros qui fuient chaque année.

-  Paris, reportage

Ce n’est pas à chaque coin de rue que l’on peut s’alimenter sainement à Paris. Il doit cependant vous venir à l’esprit quelques restaurants. Mais si je vous dis que l’on a pu se délecter d’une soupe sans pesticides dans une banque, vous ne me croirez pas.

Pourtant, ce jeudi 1er décembre 2016, les faucheurs de chaises ont bel et bien transformé à l’heure du déjeuner l’agence BNP Paribas de la place Saint-André des Arts en une chaleureuse cantine. Au menu, pas de doubles portions de frites, mais des galettes de pommes de terre et de la soupe bio. Certains politiques expliquent qu’une nourriture bio dans les cantines scolaires n’est pas finançable. Les militants des associations Les Amis de la Terre et ANV Cop 21 attestent du contraire. Selon eux, en se réappropriant la manne financière des évasions fiscales, la collectivité pourrait sans peine régler cette question.

Un joyeux repas bio

Ce n’est pas tout, ces citoyens engagés rappellent qu’en récupérant le pactole des évasions fiscales, chiffré entre 60 et 80 milliards d’euros par an, des politiques environnementales pourraient amplement être mises en place. Avec cet argent, il serait aisé d’aider par des subventions l’installation d’agriculteurs soucieux de l’environnement et de financer la transition énergétique.

L’ambiance de cette action était singulièrement bon enfant. Les faucheurs de chaises chantonnaient entre deux bouchées : « Du bio et du local, pas d’évasion fiscale ! ». Quant au personnel de l’agence, il continuait à vaquer à ses affaires comme si de rien n’était. Il semble que les salariés des agences BNP Paribas aient reçu comme consigne de leur hiérarchie de ne pas réagir à ces actions - qui se multiplient depuis un mois -, BNP Paribas craignant pour son image.

Entre galettes et soupe bio, les clients de la banque continuent tranquillement leurs opérations

Les clients souhaitant retirer des billets de banque étaient surpris par le spectacle auquel ils assistaient. Ils étaient invités par les activistes à déguster les mets présents sur les tables, partageant ainsi repas et idées. La plupart des clients semblaient ravis de cette initiative citoyenne, l’un disant même, la bouche pleine, « Des actions comme cela, il en faudrait tous les jours, les évasions fiscales ce n’est pas équitable ! »

Finalement, Thomas Borrell, porte-parole de l’association Les Amis de la Terre a pris la parole : « Nous sommes venus interpeller le groupe BNP Paribas, pour que l’argent qui s’évade chaque année par le biais de ses 200 filiales situées dans des paradis fiscaux serve plutôt à financer cet objectif d’intérêt général. »

L’action vise aussi à répliquer à la banque, qui a intenté un procès à Jon Palais, un faucheur de chaises. L’affaire sera jugée à Dax le 9 janvier. En attendant, ses compères cherchent à retourner le procès d’un insignifiant « voleur de chaise » en celui de l’évasion fiscale pratiquée par la BNP Paribas.

Les actions contre l’évasion fiscale vont se poursuivre

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