Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Nature

70 % des pauvres souffrent de la disparition des espèces sauvages

Cueillette de l'arnica, 2020, France.

Plus des deux tiers des populations pauvres dépendent directement d’espèces sauvages menacées, indique un rapport du « Giec de la biodiversité ». 50 000 espèces sont exploitées dans le monde.

Bois pour se chauffer, pêche, chasse ou cueillette médicinale... Dans le monde, des milliards de personnes exploitent environ 50 000 espèces sauvages, dévoile l’IPBES [1], le « Giec de la biodiversité » dans un rapport publié vendredi 8 juillet. À l’heure où un million d’espèces de plantes et d’animaux sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies, cet organe intergouvernemental créé en 2012 propose des pistes afin « d’établir une utilisation plus durable des espèces sauvages de plantes, d’animaux, de champignons et d’algues dans le monde entier ». Quatre-vingt-cinq spécialistes en sciences sociales et naturelles, 200 collaborateurs ainsi que des détenteurs de savoirs autochtones et locaux se sont penchés sur le sujet pendant quatre ans.

Dans le monde, « 1 personne sur 5 dépend des espèces sauvages pour ses revenus et son alimentation » et « 70 % des populations pauvres de la planète dépendent directement des espèces sauvages déjà menacées », rapporte la codirectrice de l’étude Marla R. Emery.

Les pays riches ne sont pas en reste, et exploitent eux aussi des espèces sauvages. Ainsi, « du poisson que nous mangeons aux médicaments que nous prenons, en passant par les cosmétiques, la décoration et les loisirs, l’utilisation des espèces sauvages est beaucoup plus répandue que la plupart des gens ne le pensent ». Résultat : 34 % des stocks mondiaux de poissons sauvages marins sont surexploités, 449 espèces de requins et de raies sont menacées tout comme 12 % des espèces d’arbres sauvages.

« Collaboration entre scientifiques et peuples autochtones »

« Les changements climatiques, l’augmentation de la demande et les progrès technologiques, qui rendent plus efficaces de nombreuses pratiques extractives, risquent d’entraver considérablement l’utilisation durable [des espèces sauvages] à l’avenir », écrivent les auteurs du rapport. Que faire pour en « garantir une utilisation durable » ? Surveillance des espèces sauvages et des pratiques, politiques inclusives et participatives, mise en œuvre d’instruments et d’outils politiques assurant une distribution juste et équitable des coûts et des bénéfices… La géographe étasunienne Marla R. Emery pointe aussi la nécessité d’une « collaboration entre les scientifiques et les peuples autochtones à des fins d’apprentissage réciproque ». En effet « l’utilisation durable des espèces sauvages est un élément central de l’identité et de l’existence de nombreux peuples autochtones et communautés locales ». Il s’agit aussi de « soutenir la pêche artisanale », de « supprimer les subventions financières néfastes », d’instaurer une réglementation efficace tout le long de la chaîne d’approvisionnement dans le cadre du commerce mondial de ces espèces ou encore, en ce qui concerne l’exploitation forestière, d’établir une « certification » des forêts. 

« Les changements climatiques, l’augmentation de la demande et les progrès technologiques, qui rendent plus efficaces de nombreuses pratiques extractives, risquent d’entraver considérablement l’utilisation durable [des espèces sauvages] à l’avenir. » © E.B / Reporterre

Si pour ces spécialistes des « objectifs ambitieux » sont « indispensables », ceux-ci ne sont « pas suffisants » : ils prônent en plus un « changement transformateur dans les relations entre l’Homme et la nature ».

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende