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Aides post-Covid : les ONGs dénoncent un « chèque en blanc » aux entreprises polluantes

Le soutien aux entreprises touchées par l’épidémie de Covid-19 sera-t-il aux détriments du climat ? Alors que le troisième projet de loi de finance rectificative (PLFR 3) doit être examiné par la commission des finances mardi 23 juin, le Réseau Action Climat (RAC) s’inquiète de l’absence de prise en compte de l’urgence climatique dans les plans de relance actuellement à l’étude par le gouvernement.

Au total, le gouvernement compte mobiliser 39 milliards d’euros pour les salariés et les entreprises, 43,5 milliards d’euros en soutien d’urgence pour les secteurs les plus touchés par la crise, et 4,5 milliards d’euros pour les collectivités territoriales. « Au vu de la quantité d’argent sur la table, le PLFR 3 pourrait permettre d’accélérer la transition écologique, ou au contraire la ralentir, souligne Meike Fink, responsable de la transition climatique juste au sein du RAC. Tout dépendra de la manière dont il sera utilisé. »

Pour le moment, les dispositifs d’urgence ne font que peu de cas de l’urgence écologique, selon le RAC. Dans le secteur des transports, le gouvernement prévoit par exemple de mobiliser près de 8 milliards d’euros en soutien au secteur automobile, et 15 milliards d’euros pour le secteur aéronautique. Aucune aide spécifique n’est prévue pour le secteur ferroviaire. « On peut se questionner sur ce différentiel de traitement, estime Agathe Bounfour, responsable Transports au RAC. Le ferroviaire n’est pas du tout soutenu, en dépit des demandes, alors qu’il a également souffert de la crise. » Agathe Bounfour regrette également que le gouvernement ne remette pas profondément en cause le modèle économique des secteurs automobile et aéronautique, pourtant très polluants. « Les aides accordées par le gouvernement au secteur aérien ne témoignent pas d’une remise en question de la croissance de ce secteur, qui pourrait tripler d’ici 2050, alors qu’elle n’est pas du tout compatible avec les objectifs climat. »

Plus globalement, le RAC déplore le fait que le gouvernement accorde des aides aux entreprises sans imposer de conditions écologiques ou sociales, ni s’assurer que ces dispositifs de soutien soient fléchés vers le financement d’activités en lien avec la transition écologique. « On accorde un chèque en blanc aux entreprises », explique Alexandre Poidatz, en charge du plaidoyer « Finance et climat » chez Oxfam France. Afin de teindre ce chèque en vert, le RAC propose que lesdites entreprises soient dans l’obligation de publier un rapport climat prenant en compte leurs émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, et d’adopter une stratégie bas carbone compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Il souhaite également que les entreprises ne respectant pas ces contreparties soient pénalisées financièrement, soit en payant une indemnité calculée à partir de leur chiffre d’affaires, soit en remboursant les aides accordées par l’État. Enfin, le RAC souhaite que les entreprises bénéficiant d’aides aient l’interdiction de verser des dividendes à leurs actionnaires. Il appelle le gouvernement à dresser une liste de ces entreprises afin que les médias et la société civile puissent s’assurer qu’elles se conforment à leurs objectifs climat. « L’idée de ces éco-conditionnalités est d’accélérer la transition écologique en mettant en place un mécanisme de redevabilité contraignant, insiste Edina Ifticene, chargée de campagne pour Greenpeace. Nous devons aider les entreprises, sans pour autant aggraver la crise climatique. »

  • Source : Hortense Chauvin (Reporterre)
  • Photo : Pixabay

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