Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Transports

Air pur, commerces préservés... À Nancy, les atouts de la piétonisation

Expérimentation du chemin piéton, ici rue des Dominicains, à l'été 2021.

Une partie du centre-ville de Nancy va être piétonnisé. Une étude montre que, contrairement à ce que pensent les commerçants, leurs clients viennent avant tout à pied.

Au même titre que Nantes, Paris, Montpellier ou Strasbourg, déjà engagées dans une démarche de réduction de l’usage de la voiture, une partie du centre-ville de Nancy (Meurthe-et-Moselle) va être piétonnisée de façon pérenne à partir du 15 septembre 2022. Voilà ce qui a été validé par le conseil municipal nancéien le 9 mai, entérinant ainsi une proposition soutenue par son maire socialiste Mathieu Klein.

Ce nouvel aménagement de la deuxième plus grande ville de Lorraine, semblable au « chemin piéton » déjà expérimenté durant l’été 2021, a plusieurs objectifs : « améliorer le cadre de vie », « diminuer les nuisances sonores » et bien sûr « réduire la pollution ». Car, indique Greenpeace, « la manière la plus efficace d’améliorer la qualité de l’air dans nos villes (est de) réduire les émissions de polluants atmosphériques liées au transport routier »

Avant le conseil municipal devant statuer sur ce projet de piétonisation et son périmètre d’application, habitants et commerçants ont participé à deux consultations, en mars et avril. Comme le rapportent France Bleu sud Lorraine et L’Est républicain, certains commerçants, fragilisés par la crise sanitaire, craignent de voir leur chiffre d’affaires baisser et pointent des mesures compensatoires (places de stationnement, transports en commun…) insuffisantes. 

Les clients viennent majoritairement à pied en centre-ville

Ces réserves ne sont pas légitimes, si l’on se base sur les résultats d’une étude commandée en août 2021 par la ville de Nancy à la Scalen, agence de développement des territoires sud Lorraine. 74 commerçants, 100 riverains et 1 287 usagers ont répondu à cette enquête portant sur le test du « chemin piéton » de l’été 2021. Premier enseignement : la fréquentation de la zone à l’été 2021 était « globalement semblable » à celle « de l’année de référence (2017-2018) ». Un autre chiffre étonne : les commerçants interrogés pensent que 77 % de leur clientèle se rend au centre-ville de Nancy en automobile. Dans les faits, ils ne sont que 35 %. La marche (39 %) est ainsi privilégiée par la clientèle, qui provient en majorité de Nancy même (57 %).

Les commerçants ont une « perception erronée » du mode de déplacement de leurs clients pour venir en centre-ville. Étude Scalen

Autres données intéressantes : 55 % des clients se disent « très favorables » à la mise en œuvre d’une zone piétonne pérenne, contre 23 % des commerçants [1]. Même parmi les adeptes de la voiture, une majorité d’usagers se déclare partante pour la création d’une aire piétonne durable. 

L’ingénieur en mobilité durables Mathieu Chassignet estime, sur Twitter, qu’« il faut continuer à faire ce genre d’enquêtes pour faire prendre conscience de la réalité des mobilités des clients ». En l’occurrence : une « perception erronée » des commerçants liée à la « mauvaise connaissance de la façon dont leurs clients se déplacent ». Sur son blog hébergé par Alternatives économiques, il citait, fin 2021, une étude menée à Lille qui va dans le même sens. Elle montrait que les clients viennent avant tout à pied en ville — 42 % contre 21 % qui utilisent la voiture. Dans un rapport de 2020, le Cerema, établissement sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, soulignait qu’en moyenne, dans les villes de plus de 100 000 habitants, 64 % des clients se rendent dans les commerces à pied, et 24 % en voiture.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende