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ReportageLuttes

C’est quoi « bloquer le pays » ? Les réponses des manifestants

Reporterre a recueilli les témoignages de manifestants à Alès, dans le Gard (photo), à Rennes et à Paris, le 7 mars 2023.

Ça veut dire quoi, bloquer le pays ? « Fermer les raffineries », « travailler moins pour polluer moins », « réfléchir à un autre rapport au temps »… Reporterre a interrogé des manifestants à Paris, Rennes et Alès.

Alès, Paris, Rennes, reportage

Contre la réforme des retraites, les syndicats ont appelé à « bloquer le pays ». La pire des choses pour Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, car ce serait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole, sanitaire voire humaine ». Et pour les manifestants ? Le 7 mars, Reporterre est allé rencontrer ceux qui n’ont pas peur de mettre la France à l’arrêt à Paris, Rennes et Alès, dans des cortèges qui n’ont jamais été aussi fournis.

À Alès, « bloquer le pays, c’est… » :

Michèle : « C’est bloquer les raffineries »

« Bloquer le pays, c’est soutenir et protéger ceux qui peuvent vraiment bloquer : les routiers, les gaziers, ceux qui travaillent dans les raffineries. »

Michèle Faget, habitante de Vialas (Lozère), 68 ans. © Reporterre

Anthony et Émile : « Mettre le capitalisme à genoux »

« Bloquer le pays, c’est arrêter l’économie et mettre le capitalisme à genoux. Regardez autour de vous : la poudre est là, il suffit d’y mettre le feu. »

Anthony et Émile, tous les deux 19 ans, membres des Jeunesses communistes d’Alès (Gard). © Reporterre

Valérie : « Bloquer les supermarchés »

« Bloquer le pays, c’est bloquer les supermarchés, car leurs stocks dépendent des camions. En deux jours, ils n’auraient plus d’approvisionnement. Si on touche les gros groupes, qu’ils n’ont plus de rentrées d’argent, peut-être que le gouvernement n’aura plus d’autre choix que de nous écouter. »

Valérie, 59 ans, fromagère et sa belle-fille Léa, 25 ans. © Reporterre

Agnès et Julien : « Faire la grève reconductible »

« Bloquer le pays, c’est aller plus loin : faire la grève reconductible, bloquer les raffineries, les centrales nucléaires. À Alès, c’est bloquer la rocade, souder le portail de la sous-préfecture… pourquoi pas ? Ce serait dommage d’en arriver là, mais c’est la méthode du gouvernement de pousser les gens vers les extrêmes. »

Agnès et Julien Polj, la quarantaine, salariés du privé (elle chez un bailleur social, lui à l’usine chimique Axens de Salindres (Gard). © Reporterre

À Paris, « bloquer le pays, c’est… » :

Vincent : « Quand on sera tous épuisés par le travail, la France sera à l’arrêt »

« Bloquer le pays, à très long terme, c’est ce qu’il va se passer si l’on continue avec de telles réformes. Le jour où l’on sera tous cassés, épuisés par le travail, la France sera à l’arrêt. Quand il n’y aura plus d’infirmières, d’éboueurs, de maçons, parce qu’ils seront tous usés jusqu’à l’os, là, le pays sera réellement bloqué. »

Vincent, acteur au Théâtre du Soleil, à Paris. © Reporterre

Juliette : « C’est réfléchir à un autre rapport au temps »

« Pour moi, bloquer le pays, c’est nous donner l’occasion d’inventer un autre avenir, réfléchir à un autre rapport au temps. Acceptons enfin de moins travailler, d’avoir du temps libre, pour s’occuper de la planète, de nos aînées, de la vie associative et de la production alimentaire autonome. Cessons de faire croire que le travail est forcément marchand. »

Juliette, musicienne dans la fanfare La Clé de Lutte, 32 ans. © Reporterre

Pauline : « C’est limiter les politiques extractivistes »

« Bloquer le pays, c’est limiter les politiques extractivistes, repenser le travail avant de réformer les retraites. Aujourd’hui, ce travail condamne les humains, les femmes et la terre. Il n’est pas compatible avec les ressources naturelles, ni même la psychologie humaine. Combien de burn out et de suicides cause-t-il ? Chez moi, en Belgique, on travaille jusqu’à 67 ans… Alors, un conseil à mes amis français, battez-vous maintenant ! »

Pauline, étudiante belge à Paris Dauphine, en développement durable, 21 ans. © Reporterre

À Rennes, « bloquer le pays, c’est… » :

Anouck : « C’est écraser le patriarcat et le patronat »

« Bloquer le pays, c’est écoféministe. C’est écraser le patriarcat et le patronat. »

Anouck, 22 ans, étudiante à l’école des Beaux-Arts de Rennes. © Reporterre

Guillaume : « C’est travailler moins pour polluer moins »

« Bloquer le pays, c’est travailler moins pour polluer moins. Et aussi, prendre le temps de réfléchir tous ensemble en se posant les bonnes questions. »

Guillaume, 33 ans, chercheur en Chimie à l’université Rennes 1. © Reporterre

June : « Sans les travailleuses et travailleurs, la société n’avance pas »

« Bloquer le pays, c’est montrer au monde que sans les travailleuses et travailleurs, la société n’avance pas. Les patrons ne peuvent pas faire tourner l’économie tout seuls. »

June, 17 ans, étudiante en L1 de philosophie à Rennes 1. © Reporterre

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