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En brefSanté

Cancers, diabète… à Fos-sur-Mer, les habitants malades de leurs usines

Le complexe pétrochimique de Martigues-Lavéra, dans le golfe de Fos.

Après sept années d’investigations, l’étude « d’épidémiologie populaire » à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) s’est achevée et dresse un état des lieux consternant sur la santé dégradée de ses habitants. Fos-sur-Mer comprend 400 installations industrielles, parmi lesquelles 58 sites classés Seveso, des raffineries de pétrole, des centres de stockage de gaz, des usines chimiques et métallurgiques, des dépôts pétroliers, des incinérateurs et des aciéries. C’est l’une des plus grandes zones industrielles de France et même d’Europe.

L’enquête réalisée par une équipe de sociologues, en lien avec la population, des scientifiques et des médecins, a montré l’omniprésence de la mort et de la maladie chez les habitants, qui se considèrent eux-mêmes comme des « sacrifiés de la pollution ».

« Ici, on ne meurt plus de mort naturelle »

Au fil de leur questionnaire, les chercheurs ont recueilli des centaines de témoignages qui révèlent « la violence ordinaire qu’implique le fait de vivre sur un front industriel » : « Quand on est ici, on sait qu’on va avoir un cancer, mais on ne sait pas quand » ; « ici on ne meurt plus de mort naturelle, on meurt d’un cancer » ; « il n’y a personne qui n’est pas touché ici ».

En interrogeant longuement et finement les habitants, la prévalence de certaines pathologies semble se confirmer : la part des personnes ayant eu au moins un cancer (de 10,6 %) est ainsi plus forte à Fos et Port-Saint-Louis qu’à Saint-Martin-de-Crau (9,4 %) et qu’en France (6 %), tout particulièrement pour les femmes (14,5 % localement, contre 5,4 % en France) ; les diabètes, eux, sont présents pour 11,9 % de la population de Fos et Port-Saint-Louis, contre 5,6 % dans le reste de la France. L’asthme concerne 15,8 % des répondants, contre 10,2 % des Français. Au total, 63,6 % des personnes interrogées localement présentent au moins une pathologie chronique (irritation des yeux, symptômes nez-gorge, maux de tête, problèmes de peau), contre 37 % au national.

Facteurs environnementaux

Dans ces entretiens, les habitants du golfe de Fos manifestent aussi une forte défiance vis-à-vis des institutions et un sentiment d’injustice. Ils déplorent ainsi que « certaines études sanitaires publiées sur la région mettent plutôt en avant les questions de comportements tels que le tabagisme comme facteurs explicatifs plutôt que les facteurs environnementaux », ce qu’ils vivent comme « une stigmatisation ».

Comme Reporterre l’a raconté dans un reportage, plus d’une centaine d’habitants ont décidé de porter plainte. En 2019, une enquête de l’Agence régionale de santé avait déjà conclu que les habitants de la zone industrielle connaissaient « un état de santé fragilisé, dans une zone fragilisée par la pollution environnementale ».

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