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En brefPesticides

Chlordécone : une enquête accable l’État français

Une champ de bananes en Martinique. Le chlordécone était utilisé contre le charançon de la banane entre 1972 et 1993.

Du nouveau dans le scandale du chlordécone. Les scientifiques alertaient sur les risques de cancer dû à ce pesticide utilisé aux Antilles dans les plantations de bananes jusqu’en 1993 depuis... les années 1980. C’est ce que prouvent des archives découvertes par la cellule investigation de Radio France.

Cette enquête révèle que dès 1981, alors que la commission des toxiques étudiait le chlordécone, son président René Truhaut alertait déjà sur le fait que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) venait de le classer comme cancérigène possible pour l’humain. Une mise en garde restée lettre morte. Selon les informations de Radio France, plusieurs membres de l’Union de l’industrie des produits pesticides étaient présents à cette commission, bien que leurs noms ne soient pas mentionnés dans le Journal officiel.

L’enquête contredit la version des juges

Ces éléments contredisent la version des juges du pôle santé du tribunal de Paris, qui ont prononcé un non-lieu en janvier 2023 dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone. S’ils avaient qualifié l’insecticide de « monstre chimique », ils estimaient que la science ne pouvait pas prédire quelles conséquences ce pesticide aurait sur l’humain. Aujourd’hui, en Guadeloupe, on enregistre le plus haut taux de cancer de la prostate au monde, en particulier chez les travailleurs des bananeraies, et le chlordécone est détecté dans le sang de 90 % de la population adulte des Antilles.

Lire aussi : Chlordécone : l’État français reconnu coupable de « négligences fautives »

Ces informations ravivent l’espoir chez les associations parties civiles, qui ont fait appel de ce non-lieu. L’enquête menée par la cellule investigation de Radio France montre également, en revanche, que des archives décisives ont été détruites ou ont disparu.

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