Climat : Macron reporte des annonces importantes

Le conseil de planification écologique est reporté à « une date ultérieure qui n’est pas encore connue ». - © Emmanuel Dunand / AFP
Le conseil de planification écologique est reporté à « une date ultérieure qui n’est pas encore connue ». - © Emmanuel Dunand / AFP
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Politique ClimatUn conseil de planification écologique était prévu le 5 juillet. Emmanuel Macron devait y présenter plusieurs textes censés guider la transition promise par le gouvernement depuis un an. Il est reporté à une date inconnue.
Flop. Alors qu’Emmanuel Macron devait présider un nouveau conseil de planification écologique mercredi 5 juillet, il ne s’agira finalement que d’une « réunion de ministres » chargés de ce sujet, indique le service presse de l’Élysée. Le tout, sans aucune nouvelle annonce à la clé.
Trois textes devaient pourtant être présentés lors de l’événement : la programmation pluriannuelle de l’énergie (qui définit et oriente la politique énergétique du gouvernement dans les années à venir), la stratégie nationale bas-carbone (qui précise la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre) et la stratégie nationale biodiversité (visant à indiquer comment réduire la pression sur la biodiversité). Il n’en sera finalement rien. D’après un député cité par le média Contexte, il serait compliqué pour le gouvernement de présenter ces projets durant une période de révoltes, qui font suite à la mort du jeune Nahel tué par un policier.
Quand seront donc présentés ces plans d’action, censés guider la planification écologique promise par le gouvernement depuis un an ? Pas de réponse de l’Élysée. Son service presse déclare seulement que le conseil de planification écologique est reporté à « une date ultérieure qui n’est pas encore connue ».
« Les décideurs politiques nous baladent, temporisent en permanence »
« Si l’actualité est ailleurs, le changement climatique n’attend pas, a réagi sur Twitter Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat. Ses impacts sont de plus en plus visibles et dramatiques. Décaler les arbitrages, y compris en termes de moyens financiers, ne devrait pas être une option. » « Ce genre de report peut s’entendre parce qu’il y a quand même un contexte politique et social très particulier. Néanmoins, cela traduit le fait que la crise écologique, qui est pourtant majeure, est tout le temps reléguée au second rang des préoccupations », déplore aussi Wandrille Jumeaux, cofondateur du réseau écologiste Le Lierre, qui regroupe un million d’agents publics (travaillant au gouvernement, au sein des collectivités, des hôpitaux, etc.).
Avec six autres réseaux de la fonction publique, Le Lierre avait lancé le 29 juin un appel à un « vrai » conseil de planification écologique. « On a le sentiment que depuis une dizaine d’années, les décideurs politiques nous baladent, temporisent en permanence sur des décisions structurantes pour la transition écologique, poursuit Wandrille Jumeaux. On attendait des décisions, et surtout une forme de cohérence entre l’urgence du climat et de la biodiversité, les trajectoires et les stratégies à mener, et les moyens pour mettre en œuvre ces trajectoires et stratégies. »
En effet, outre la présentation des différents plans d’action, Emmanuel Macron devait aussi annoncer comment il entendait les financer. Cette partie était particulièrement attendue, depuis la publication au mois de mai du rapport Pisani-Ferry-Mahfouz. Les auteurs estimaient alors que les investissements devaient augmenter pour atteindre 66 milliards d’euros par an à l’horizon 2030.
La France devrait diviser par deux ses émissions brutes d’ici à 2030
Dans une note publiée le 3 juillet, Greenpeace France a calculé que, pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, la France devrait diviser par deux ses émissions brutes actuelles d’ici à 2030. Soit une réduction d’au moins 62,2 % par rapport aux années 1990. En outre, « 80 % des baisses d’émissions à réaliser doivent être faites d’ici à 2035 », précise l’ONG. Elle demande donc au gouvernement de s’engager sur ces objectifs lors de la révision de la stratégie nationale bas carbone.
C’est en substance ce que recommandait déjà le Haut conseil pour le climat, dans son rapport annuel publié le 28 juin. « Le rythme de réduction d’émissions brutes de la France doit presque doubler », résumaient les auteurs du document. Le conseil de planification écologique semble ainsi plus urgent que jamais.