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Coronavirus : l’Europe suspend la règle poussant les avions à voler vides

-  Actualisation - Mercredi 11 mars 2020 -

La Commission européenne a accepté mardi 10 mars de suspendre les règles qui obligent les compagnies aériennes à effectuer des "vols fantômes" à vide, alors que l’UE tente d’atténuer l’impact de l’épidémie de coronavirus sur l’économie.

Les compagnies aériennes se voient attribuer des créneaux horaires dans les aéroports, c’est-à-dire les heures auxquelles elles peuvent atterrir et décoller, mais risquent de les perdre si elles ne respectent pas au moins 80 % d’entre eux au cours d’une année civile.

Bien que l’épidémie de coronavirus ait freiné les projets de voyage et entraîné des annulations massives de vols afin de contenir la maladie, les transporteurs ont quand même dû mettre des avions en vol afin de sauvegarder le plan d’activité de l’année prochaine.

Les règles ont été suspendues dans le passé, après les attaques terroristes du 11 septembre, pendant l’épidémie de SRAS et à certains moments de la crise financière de 2008. Les coronavirus bénéficieront du même traitement.

La Commission a été mise sous pression pour agir sous plusieurs angles. Huit eurodéputés verts avaient déjà écrit à Adina Vălean, la responsable des transports de l’UE, pour lui demander de suspendre le règlement dit "80/20", en invoquant l’impact environnemental inutile d’un respect continu des règles.

La présidente de la commission des transports du Parlement européen, Karima Delli - qui a cosigné la lettre - a déclaré que "les vols à vide sont l’une des conséquences les plus néfastes du coronavirus sur le plan écologique et économique".

La collègue allemande Jutta Paulus a également salué la ligne de conduite de la Commission et a ajouté qu’elle espère que les mesures s’appliqueront aux vols normaux car "même sans pandémie, il y a beaucoup trop de vols à vide".

-  Source : Euractiv


-  Article publié le 10 mars 2020

En pleine crise du coronavirus, les compagnies aériennes volent à vide pour ne pas "perdre leur place"

Des milliers de litres de kérosène et de tonnes de CO2 en pure perte. Afin de respecter une règle européenne sur l’allocation des créneaux de décollage et d’atterrissage, des compagnies aériennes britanniques font voler leurs avions à vide ou quasiment vides, comme le rapporte le journal britannique Sunday Times vendredi 6 mars.

En effet, si elles ne rendent pas effectifs au moins 80 % de leurs vols, elles risquent tout simplement de perdre leur place au profit de compagnies plus dynamiques : deux fois par an, les créneaux sont en effet remis sur le marché selon la règle du « use it or lose it » (« utilise-le ou perds-le »).

Un gâchis qui pèse lourd sur le plan environnemental. Si bien que le secrétaire d’État britannique aux Transports, Grant Shapps, a exhorté le coordinateur indépendant des créneaux horaires à assouplir cette réglementation. Le site d’info Business Insider rapporte ses propos : « Je suis particulièrement préoccupé par le fait que, pour satisfaire à la règle des 80/20, les compagnies aériennes puissent être obligées de piloter des avions à des taux de remplissage très bas, voire à vide, afin de conserver leurs créneaux horaires […] Un tel scénario n’est pas acceptable. Il n’est pas dans l’intérêt de l’industrie, des passagers ou de l’environnement, et il doit être évité. »

Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a formulé la même demande auprès de la Commission européenne. Lors d’une conférence de presse depuis Bercy, il a déclaré ce lundi 9 mars après-midi : « S’agissant du transport aérien, je suis intervenu auprès du commissaire européen Paolo Gentiloni […] pour lui demander que les compagnies puissent conserver leurs créneaux aériens sans avoir à faire tourner leurs avions à vide dans le ciel. Il est totalement absurde que cette réglementation s’applique dans les circonstances actuelles. »

De son côté, l’Association internationale du Transport aérien (IATA) réclame également la suspension de cette règle du 80/20. Selon elle, le secteur du transport aérien de passagers pourrait subir une perte comprise entre 63 et 113 milliards de dollars en raison de la crise du secteur liée au coronavirus. Le nombre de passagers aurait baissé de 24 % sur les vols d’Europe de l’Ouest, selon les statistiques de l’association.

La Commission européenne, dont un porte-parole est cité par Le Parisien, dit travailler sur une solution : « Nous évaluons toutes les options sur la table, y compris la possibilité de modifier la réglementation sur les créneaux pour faire face à la crise », déclare l’institution.


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