Dans l’Himalaya, le tourisme transforme la montagne en poubelle

Près de Leh, dans la région du Ladakh en Inde à l'automne 2022. - © Virginie Seiller / Reporterre
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Monde DéchetsEn Inde, la région himalayenne du Ladakh est assaillie par les touristes. Sa capitale, Leh, n’a pas les moyens de gérer les amas de déchets générés, qui finissent dans d’immenses décharges à ciel ouvert. Reportage en images.
Leh (Ladakh, Inde), reportage
Capitale du territoire du Ladakh, la ville de Leh est située à 3 500 mètres d’altitude, entre le Pakistan et la Chine. Ancien carrefour de la route de la Soie, elle est entourée de nombreux monastères bouddhistes. Son patrimoine culturel attire les visiteurs. En période estivale, la ville passe de 35 000 à 250 000 habitants.

Situé entre le Pakistan et la Chine, une grande partie du territoire dépasse les 3 000 mètres d’altitude. Il est dominé au nord par les montagnes du Karakoram, au sud par l’Himalaya et à l’ouest par le Pir Panjal.

Le Ladakh fut longtemps fermé au tourisme, et s’est ouvert dans les années 1980. Région minérale aux paysages lunaires, la région est également appelée « Petit Tibet » en raison de sa proximité culturelle et linguistique avec son voisin bouddhiste.

À la sortie de Leh, la route carrossable la plus haute du monde qui mène au col du Kardung, à 5 600 mètres d’altitude, est jonchée de déchets sur une dizaine de kilomètres. Le développement du tourisme va de pair avec celui du réseau routier.

À Leh, touristes et habitants jettent leurs détritus à même le sol, sur lequel les éboueurs les ramassent. Les circuits de recyclage des déchets ne fonctionnent pas.

Les déchets sont devenus un sujet important. À tel point que les écoles organisent des campagnes de sensibilisation contre la pollution plastique, comme ici à Leh.

Dolkar est employée de l’échoppe Dzomsan, où l’on peut venir remplir sa gourde avec de l’eau filtrée. Un moyen d’inciter les habitants à recycler plutôt que d’acheter des bouteilles en plastique.

À la sortie de la ville de Leh, les déchets s’amoncellent dans cette cuvette. De nombreux animaux, dont ces ânes, viennent régulièrement les manger.

Des gigantesques décharges, comme celle de Choglamsar, dans le district de Lehk, grandissent à l’abri des regards en périphérie de la zone urbaine. Le « Bomb Guard » de Chomglamsar est un immense terrain recouvert de déchets, qui s’accumulent depuis des années.

Cette décharge est envahie par les chiens sauvages, agressifs et affamés, rendant l’accès au site particulièrement dangereux.

Les camions viennent décharger leurs ordures à la sortie du village de Stok. Les déchets sont régulièrement recouverts de terre et de sable, jusqu’à ce qu’une nouvelle couche d’ordures y soit superposée.

Rigzin, habitant de Sumoor, dans la vallée de la Nubra : « Évidemment, nous n’aimons pas que ces déchets jonchent la montagne. Je vis moi-même du tourisme, et ce n’est pas la plus belle image que nous pouvons donner aux visiteurs. Mais nous n’avons aucune solution pour les faire disparaître. Alors, de temps en temps, nous les brûlons. »

Il existe pourtant des centres de recyclage à Leh, comme ce bâtiment récent à la sortie de la ville, accessible par une route refaite à neuf et jamais empruntée, qui serpente à travers la montagne. Selon une source locale, il n’est pas en activité.

Dans la vallée voisine de la Nubra, à la sortie du village de Sumur, les poubelles s’amoncellent autour d’un bâtiment neuf censé, selon notre source, accueillir un incinérateur depuis un an…

À la sortie de la ville de Choglamsar, près de Leh, les rives de l’Indus sont envahies de plastiques et d’ordures. L’Indus constitue une réserve importante d’eau douce pour ce territoire désertique. La plupart des maisons ne disposent pas d’eau courante, et dans beaucoup de villages il faut encore aller remplir ses réservoirs.