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ReportageLuttes

Des militants antipub perturbent le Mondial de l’auto

Des militants de Résistance à l'agression publicitaire au Mondial de l'auto le 20 octobre 2022.

Trois militants de l’association Résistance à l’agression publicitaire ont déployé une banderole et une affiche parodique au Mondial de l’auto, à Paris. But : dénoncer le greenwashing de cette industrie polluante.

Paris, reportage

Jeudi 20 octobre, au Mondial de l’auto, un grain de sable s’est incrusté dans la mécanique bien huilée de l’événement, qui a lieu jusqu’au 23 à Paris. Sur les coups de 11 heures, une action inattendue a dérangé les visiteurs en pleine observation de la mythique 4L électrique de chez Renault. Devant ce SUV électrique qui n’a plus rien de l’image populaire du « pot de yaourt », des militants de Résistance à l’agression publicitaire (RAP) ont déployé une banderole détournant le slogan de l’événement. Plutôt que « Revolution is on »« la révolution est en marche » — on pouvait lire « Greenwashing is on » en lettres noires sur une bande de tissu blanc. Une banderole toute en sobriété qui tranchait avec le dispositif publicitaire extravagant du stand de Renault : une succession d’écrans géants et des publicités criardes, en totale incohérence avec l’objectif affiché de réduire les effets de la voiture sur l’environnement.

« Renault est le plus gros annonceur de France avant Peugeot. Ce n’est pas anodin qu’ils se la pètent autant avec une 4L SUV électrique : le SUV est le symbole de la pollution », explique Khaled Gaiji, chargé de mobilisation chez RAP. Selon lui, il faudrait supprimer les publicités pour les voitures, qui ne font que stimuler la demande en véhicules individuels. « En ville, on n’a pas besoin de voitures donc on n’a pas besoin de publicité pour les voitures. Et en campagne, on a besoin d’une voiture donc on n’a pas besoin d’une publicité pour nous le dire. »

« Bande de gauchistes ! »

Un message partagé par quelques visiteurs, qui ont levé leur pouce en l’air et encouragé les militants. D’autres, fâchés, ont exhorté l’agent de sécurité à mettre la pression sur les activistes : « C’est quoi cet agent en carton ? Bande de gauchistes ! » L’action n’a duré qu’une poignée de secondes avant que ledit agent ne presse les militants de partir.

Ils ne sont pas arrêtés là, et ont enchaîné avec un second geste symbolique : ils ont recouvert un panneau d’affichage JC Decaux d’une affiche parodique du Mondial de l’auto. À peine fixée, l’affiche est rageusement décollée par un homme qui se plaint qu’on ne voit plus les publicités numériques. « Les constructeurs automobiles font des pubs où ils nous vendent des SUV toujours plus lourds, mais “écolos”, roulant en pleine nature, avec cette symbolique de la voiture synonyme de liberté. Ils essayent de sauver leur industrie, pas la planète », a résumé pour Reporterre Sarah Denisse, porte-parole de RAP.

« Les constructeurs automobiles essayent de sauver leur industrie, pas la planète », dit Sarah Denisse, porte-parole de RAP. © Scandola Graziani / Reporterre

Autre écueil des pubs : le sexisme. Elle cite l’exemple d’un stand de produits d’entretien automobile de la marque Vulcanet, sur lesquels s’affiche une femme hyper sexualisée soulevant sa robe. « La voiture est un objet qui est presque érotisé. Dans certaines pubs, l’idée véhiculée est que tu possèdes la voiture comme tu possèdes la femme. »

Pour toutes ces raisons, l’association RAP revendique la suppression de la publicité pour tous les constructeurs automobiles. Dans le cadre de sa campagne « stop pub climaticide », elle réclame une loi Évin climat (sur le modèle de la loi Évin qui interdit la publicité pour le tabac ou l’alcool) pour les produits et services climaticides, et notamment : la voiture.

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