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Donald Trump : quatre ans de guerre à l’environnement

Levée de l’interdiction des pesticides, assouplissement de l’extraction de combustibles fossiles sur les terres fédérales protégées... Ces derniers mois, diverses agences fédérales américaines ont acté des déréglementations environnementales majeures.

Nombre de ces reculs font l’objet de contestations judiciaires de la part d’États, de groupes environnementaux ou d’autres instances. Car beaucoup d’annulations ou de nouvelles règles décidées par l’administration Trump n’ont pas été suffisamment étayées, ce qui les rend vulnérables aux litiges. Après avoir été invalidées par les tribunaux, une douzaine de réglementations ont ensuite été révisées puis revalidées par l’administration Trump.

104 mesures nocives pour l’environnement et la santé

Cette dernière — favorable à l’industrie, comme les gouvernements républicains précédents — a multiplié les mesures chaotiques et dogmatiques. D’après les études, entre autres, de la Harvard Law School et de la Columbia Law School, plus de 80 réglementations environnementales ont été abrogées ou affaiblies sous la direction de Donald Trump. Une vingtaine d’autres sont encore en suspens.

Ont été annulés ou sabotés, entre autres : le Plan pour une énergie propre institué par l’administration Obama, les normes sur le mercure et la toxicité de l’air, l’interdiction du pesticide chlorpyriphos (neurotoxique et perturbateur endocrinien) et les normes d’émissions de méthane. Le Sabin Center for Climate Change Law de l’université de Columbia tient un suivi détaillé des mesures (pléthoriques) prises par l’administration Trump et le Congrès pour freiner les efforts fédéraux d’atténuation du changement climatique.

Long catalogue des mesures prises par M. Trump pour contrecarrer la lutte contre le réchauffement climatique.

La majeure partie de ces régressions ont été mises en place par l’EPA, l’agence américaine censée protéger l’environnement. C’est elle qui a affaibli les limites imposées à l’époque d’Obama sur les émissions de dioxyde de carbone des centrales électriques, des voitures et des camions. L’EPA a aussi supprimé la protection de plus de la moitié des zones humides du pays et retiré la justification légale de la restriction des émissions de mercure des centrales électriques.

Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur a facilité la location de terres protégées aux industries du pétrole et du gaz, en limitant les protections de la faune et de la flore et en affaiblissant les exigences environnementales requises pour les projets.

Une porte-parole de l’EPA n’a pas hésité à déclarer au New York Times que l’organisme « respectait l’engagement du président Trump de ramener l’Agence à sa mission principale : fournir de l’air, de l’eau et des terres plus propres au peuple américain ».

Il est édifiant d’aller sur le site de la Maison blanche pour y lire la liste incantatoire des avancées environnementales revendiquées par l’ex-président.

Des zones protégées de l’Arctique aux enchères pour des forages pétroliers

Le 6 janvier 2021, quinze jours avant son départ, l’administration Trump a organisé une vente aux enchères ouvrant au forage de pétrole et de gaz certaines parties de la Réserve naturelle nationale de l’Arctique (ANWR) qui protège environ 78.051 km2 en Alaska. Les écologistes qui avaient tenté de bloquer cette vente en justice et avaient été déboutés peuvent se réjouir : ce fut un échec ! La moitié des baux proposés n’ont fait l’objet d’aucune offre et la vente n’a rapporté que quatorze millions de dollars (11,4 millions d’euros), bien moins que les milliards de dollars escomptés. Il est possible que cela soit dû au fait qu’en 2019, toutes les grandes banques américaines, y compris la Bank of America et Goldman Sachs, avaient déclaré qu’elles ne financeraient pas le forage pétrolier dans la région arctique.

M. Trump a mis aux enchères des parcelles protégées de l’Arctique.

Début janvier, l’administration Trump a aussi affaibli la protection des oiseaux migrateurs et pris une mesure pour exclure de facto la prise en compte de certaines études scientifiques lors de l’élaboration des règles de santé publique par l’agence.

Le Service des forêts a de son côté proposé une mesure qui permettrait de concéder à des entreprises de pétrole et de gaz naturel environ deux millions d’hectares de terres appartenant au Système forestier national. L’EPA, elle, a accompagné la modification de normes nationales d’émission pour les polluants atmosphériques dangereux et les méthodes de gestion des déchets pour les centres de traitement des résidus de combustion du charbon.

Pour certains experts, une grande partie des protections environnementales que Trump a démantelées pourraient être rétablies si le nouveau gouvernement Biden le décide, mais cela demandera de la volonté et du temps. En ce qui concerne le réchauffement climatique, il est déjà trop tard pour en atténuer les effets les plus graves. Et la partie la plus irrémédiable de l’héritage climatique de M. Trump — impossible à réparer — est le temps perdu face à l’aggravation du chaos climatique.

Source : Élisabeth Schneiter pour Reporterre avec le New York Times et CNN

Photos :
. chapô : Donald Trump. Gage Skidmore/Wikimedia
. Tableau. Issu du Climate deregulation Tracker.
. Arctique. duncan c / Flickr

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